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Paysage et psychologie

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 21.07 : c’est donc reparti pour une nouvelle aventure narrative… Dés que je reprends le clavier, après un moment d’hésitation (de lassitude presque) à l’idée de refaire la même chose, de procéder à une sorte de nouvelle variation au sein d’un exercice laborieux, je m’aperçois que je me lance non pas dans la même histoire mais dans un univers bien différent, qui a ses règles et sa logique interne. Et je me reprends très vite au jeu.
              Je consacre un premier temps à l’évocation du paysage pour camper le décor et mettre en situation mon héroïne : Gilda. A la différence de la pièce, je vais travailler l’évocation du corps et de la psychologie. »
 
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Teatro e romanzo
 
Rubrique Goncourt : j’ai dévoré « Fils unique », notamment parce qu’il est riche du point de vue de l’exploitation pédagogique. J’en donnerai quelques pistes par la suite, mais en voici le thème… François est enfant unique, élevé et chéri par sa mère, Suzanne, qui n’a pas encore eu Jean Jacques. Le père, Isaac Rousseau, est parti sur les routes mais il revient, engrosse sa femme, laquelle y laisse sa malheureuse vie, François se retrouve seul, à courir les rues, laissant derrière lui le petit « singe savant » Jean Jacques. Il accomplit son apprentissage dans la compagnie d’un noble aux idées libertines, devient apprenti en horlogerie, fugue, pourfend l’injustice, s’associe à un vendeur de godemichés, reprend l’affaire et la clientèle. Se comporte en parfait libertin, amusant, libre, critique, leste… leste comme le style de ce roman.
  

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De la pièce au récit et du récit à la pièce.

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 19.07 : après quelques jours d’hésitation, liée aussi à l’effet de fatigue et de soulagement, j’ai décidé de reprendre le travail par la rédaction du volet narratif de la pièce comme ça avait été le cas pour le Ceilidh.
              Les raisons sont les mêmes et j’éprouve notamment le besoin d’éclairer le contenu de cette pièce par un retour via le narratif. Tant au niveau du contenu que de la dramaturgie, l’expérience du Ceilidh prouve que les deux approches s’enrichissent mutuellement. »
 
              Je me félicite après coup d’avoir eu le courage de ne pas céder à la tentation de la paresse, au cours de ces heures chaudes du mois de juillet. La reprise de la pièce par le narratif a bouleversé les données initiales…
 

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La stessa cosa per la Scozia...

 

Rubrique Goncourt : quand les livres arrivent...
Remarque : Les événements se précipitent dans l’aventure du Goncourt et le lecteur excusera un léger différé dans la relation des événements ! J’écris depuis le début une sorte de journal du Goncourt, et l’écart se creuse entre l’écriture de l’article et la mise en ligne…
 
Ca sonne comme le titre d’un film à grand spectacle et pourtant il y a un peu de cela… Les documentalistes m’ont averti dans l’après-midi : les livres sont arrivés ! L’idée est alors de « scénariser l’événement ». Il en manque quelques uns, en retard ou en rupture de stock comme c’est le cas pour le fameux « Les Bienveillantes » que les élèves semblent attendrent avec convoitise… mais une chose est sûre, il y a du livre sur la table et de la lecture en perspective ! Sept séries : nous sommes 22. J’ai donc désigné six groupes de trois et un groupe de quatre. Chaque est donc « propriétaire » d’un stock et les livres vont ainsi pouvoir tourner de façon autonome au sein de chaque groupe. Profitant de cet arrivage, j’abandonne le « Marilyn » dont je me suis fait une petite idée jusqu’à la page 82, pour m’emparer de l’ouvrage « Fils unique », qui s’intéresse au frère de Rousseau et semble devoir donner au lecteur une peinture du XVIIIe siècle. J’entrevois là, peut-être, l’occasion d’anticiper sur un autre objet d’étude : un mouvement littéraire.

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Rita Hayworth

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 14.07 : après relecture, j’ai décidé de reprendre la relation des cinq adolescents afin, notamment, d’affiner leur psychologie.
              Au début, Gigi doit donner l’impression d’un ennui, d’une torpeur sous le soleil. C’est Gilda qui vient secouer cette torpeur. Salvatore est de nature plus légère et vaine. Il cherche à s’amuser mais c’est Gigi qui oriente les choses.
              De leur côté, les trois filles manquent de maturité. Surtout Tiziana et Lauredana. Dans la scène qui se joue sur le ponton, Tiziana est face à Salvatore et n’ose pas se déclarer : comme écrit Musset : « c’est une chatte qui veut bien manger des confitures mais qui ne veut pas se tâcher les pattes ». Dans ce contexte, elle ressent une sensation forte mais réagit trop tard.
              Plus déterminée et mature est Ornella qui saisit l’occasion et qui commence avec Salvatore une véritable histoire d’amour, même si, en contrepoint, se joue en face d’eux une scène de galop amoureux qui frise l’indécence, ce qui incite (aussi dans la mise en scène sans doute –mais tout dépendra de l’actrice – à forcer le caractère provoquant de Gilda. Le nom qu’elle porte est lourd à porter : Rita Hayworth dans le film « Gilda » avait en son temps défrayé la chronique dans une forme subtile de strip-tease… Il faut que l’actrice atteigne à cette forme de subtilité. Il faut ainsi souligner l’intelligence tactique de la jeune Américaine de Torremuzza. »
 
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Sono bella sul pontile...
 
Rubrique Goncourt : je continue à « butiner » dans les livres afin de préparer à la fois l’opération et le programme de première. Avant de refermer le roman « Disparaître », j’ai encore repéré un extrait intéressant dans l’optique de la préparation à l’argumentation. Il s’agit d’un argumentaire destiné à présenter l’intérêt d’une biographie portant sur le personnage de Lawrence d’Arabie : « With Lawrence in Arabia »… Double profit à en tirer : aussi bien pour amener les élèves à défendre leur point de vue Goncourt mais aussi pour les amener à trouver les arguments et à les organiser en fonction d’un point de vue. Aussitôt tournée la dernière page de ce premier roman, je saisis le second, celui consacré à Marilyn sur lequel je reviendrai prochainement.
 
 

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Le sens de l'épilogue

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 29.06 : je termine à peu près la rédaction de la pièce dans le train qui m’amène à Paris (réunion pour lancer les principes de l’opération Goncourt des lycéens).
              Je travaille sur les tirages que j’ai faits : il me paraît évident aujourd’hui de développer encore l’histoire initiale que racontent Francesca et Carolina. Lorsque la créature qu’elles décrivent disparaît en mer, il est plus pertinent de la laisser dériver sur un radeau. L’idée du radeau prépare davantage l’esprit du spectateur au motif du ponton.
              De la même façon, c’est à ces deux conteuses qu’il appartient de boucler la pièce et de rendre plus explicite encore le sens de l’apologue qu’elles ont évoqué au début. Il faudra donc travailler davantage la scène d’épilogue dont elles sont les vedettes… »
 
              Dans la version finale, la scène de l’épilogue est essentielle : elle donne au lecteur des clés pour comprendre « la fêlure » des deux personnages et les principaux motifs de la pièce.
 
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Piccola passeggiata nella città !
 
Rubrique Goncourt : comment pousser les élèves à lire les treize romans ?
D’abord, je dois dire que je n’ai pas grand mérite : faire miroiter la perspective d’un séjour à Rennes et de la rencontre des écrivains motive beaucoup mon équipe. Cependant mon rôle n’est-il pas celui d’un « timonier » qui dirigerait sa barque contre vents et marées ? Voilà en tout cas le type de gouvernail que j’ai "posé" en début d’année et « le cap » que j’ai proposé de suivre (document distribué)…
 
Pour rentrer dans le rythme du Goncourt !
 
Pour jouer efficacement le jeu du Goncourt et se tenir prêts, deux critères essentiels apparaissent :
-          Le critère du temps de lecture.
-          Le critère de l’efficacité de lecture.
Voici donc des consignes et conseils dont il faut tenir compte en priorité :
 
Le temps de lecture.
 
-          Rotation souple et maîtrisée des livres : sept séries des treize livres sont disponibles. Nous sommes 22, dont trois adultes. La classe se répartit en trinômes, (et un quatuor !), chaque trinôme dispose de la totalité de la sélection et s’échange les livres aux dates suivantes.  
-          Arrivée des livres le 8.09 : répartition : chaque lecteur dispose de cinq romans. Il a jusqu’au 2 octobre pour les lire.
-          Le 2.10, à l’intérieur des trinômes, échange des livres, les cinq autres livres sont aussitôt sur la table de chevet ! Le 6.11, tout doit avoir été lu. Le 10.11 a lieu la rencontre régionale de Brest…
 
L’efficacité de lecture. (L’exercice du Goncourt suppose une « autre lecture » : c'est-à-dire une lecture critique de l’œuvre. Il s’agira en effet d’adopter une attitude active face au livre de façon à tenir un discours dessus…) D’autre part, pour éviter « l’effet de brouillage » lié au volume des livres, il est recommandé de lire « le crayon à la main », afin de prendre en notes quelques infos qui pourront vous servir ! Les notes tiendront compte de préférence des points suivants :
 
-          Quatrième de couverture.
-          Cadre géographique.
-          Effets de réel (topographie).
-          Cadre historique.
-          Personnages : physique, psychologie, relations, fonction, évolutions.
-          Style : caractériser l’écriture de l’écrivain (observation de la syntaxe, du vocabulaire, de la présence ou de l’absence d’images…)
-          Thèmes abordés.
 
NB : il y a beaucoup de livres à lire, par conséquent ne pas hésiter à abandonner un livre si, vraiment, « il ne passe pas » !... Mais ne pas abandonner trop vite et expliciter clairement les raisons de la « démission ».
 
 

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Befana sur le ponton : paradoxe des vieilles dames

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 27.06 : les scènes de Carolina et Francesca (scènes 3 et 4) sont jubilatoires, pour les actrices et le spectateur : ces deux femmes sont dotées d’une énergie vitale parce qu’elles se livrent entièrement à leur art. En cela, elles ont de l’excès et recèlent un potentiel comique.
              En même temps, elles véhiculent un message de vie et de liberté, de farouche indépendance. Elles recréent le monde (par la peinture et la fiction), elles jouissent de la vie : elles croquent dans les fruits mûrs (ceux qu’on trouve en abondance dans les marchés siciliens, abricots, pastèques, figues) et ont envie de danser. Chorégraphie claquettes sur le dernier Celentano : « c’é sempre un motivo ».
              Pour accentuer la couleur locale, je parsème le texte d’italianismes. Cela ne devrait pas déranger le spectateur pour deux raisons : les formules retenues ne rajoutent rien au sens des propos, l’italien ressemble au français et le spectateur peut deviner. Dans le livre, de toute manière, il y a une note pour chacune des expressions. »
 
              Je reviens sur le discours des deux femmes. Dans la version définitive, j’ai forcé davantage le trait traditionaliste. Elles incarnent davantage une résistance à la modernité et se trouvent en opposition avec les jeunes qui veulent s’émanciper, même si, paradoxalement, le récit qu’elles colportent est une fable sur la nécessité de jouissance
 
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« c’é sempre un motivo » per Francesca e Carolina ! 
 
 
Rubrique Goncourt : la suite de « Disparaître »
 
Au fur et à mesure qu’on avance dans le roman, la figure de Lawrence d’Arabie devient plus prégnante. C’est ce qui me conduit à privilégier deux autres passages du livre : l’un d’eux est un extrait qui, sous la plume d’un journaliste de fiction, évoque la construction de la légende du personnage. Cet aspect-là me paraît intéressant pour mettre en œuvre la réflexion sur le biographique. D’autre part, le thème du désert et de l’Orient pourrait me ramener à Rimbaud dont j’avais envie de parler à mes premières. Enfin, j’ai repéré une lettre de Lawrence à son fils adoptif, ce qui me permettra d’engager une réflexion sur le genre épistolaire qui fait partie du programme. Par exemple quelque chose dans le style : la lettre testament…

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