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Zucchero et les petites adultes

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 26.06 : chaque scène est reprise et fournit le cadre à une véritable réécriture. L’impression de rejouer la partie sur un échiquier dont les règles, les lignes de parcours, sont déjà tracées.
              A la scène 1, présentation de Gilda : j’accentue le narcissisme du personnage et je précise son origine : elle vient de Californie, elle suit son père, on lui cède tous ses caprices, elle est lascive et s’enivre de la situation (ponton, farniente, été, envies informulées…) Disque qui convient Zucchero : « Menta e rosmarino ».
              A la scène 2, les filles qui l’observent se positionnent par rapport à cette « étrangère » qui, de toute évidence, « dérange ». Il faut faire de deux d’entre elles, des « petites adultes », incarnant l’esprit xénophobe et l’étroitesse de pensée. Tiziana et Lauredana, qu’on voit souvent le soir assises sur le banc avec les commères du quartier… »

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I vecchi sul bancone...

 

Rubrique Goncourt : le début de « Disparaître » :
Les premières pages mettent en scène un motard accidenté. Le jeu narratif mis en place est intéressant puisqu’il alterne le regard et la voix du motard gravement blessé et les commentaires de ceux qui l’entourent. Cette double focalisation amène le lecteur a remonter le temps aux côtés de l’agonisant dont il ignore l’identité et de celui qui enquête sur lui, à savoir un inspecteur, le dénommé Pointer, qui éprouve bien du mal à cerner un individu apparemment célèbre et constamment poursuivi par les paparazzi… Idée d’exploitation pour le bac (« le biographique ») : la remontée dans le passé et le travail de la mémoire : une page au début du roman indique comment ce personnage se remémore des instants alors qu’il est en train d’agoniser près de l’arbre contre lequel il s’est brisé (volontairement ?)
 

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Choisir la couverture du livre

Publié le par Eric Bertrand

              Petite parenthèse dans le journal aujourd’hui car le livre continue de vivre sa vie et chaque étape compte. Parlons aujourd’hui de l’objet livre…
               L’éditeur a bien reçu la version corrigée. Il me demande de choisir une couverture. Le fait est que j’y pense depuis un certain temps et que j’ai récupéré dans cette optique une série de diapositives prises notamment sur l’île de Vulcano. Je les ai fait tirer sur papier afin de les scanner.
              Elles figurent le devant d’une propriété entourée de visages en céramique. Il y en aura une pour la couverture, elle représente un visage abîmé, sorte de symbole de la confrontation entre tradition et modernité. Une autre image en liseré figurera une série de visages, un peu comme les témoins du spectacle dont il est question dans le Ponton, spectacle de la vie mais aussi spectacle de « la Befana sotto le stelle ».
 
 
La Befana sotto le stelle !
 
 
Rubrique Goncourt : naissance du projet.
              Avant de continuer le vif de l’aventure un petit mot pour répondre à ce que la question inquiète : comment cela est-il venu ?...
              C’est la fin de l’année. Les candidats au bac ont disparu des salles de classe. Ils stressent sur le bureau de la chambre, dans le calme du boudoir ou le gazon du lycée. Les premières revivent les heures (heureuses ?) écoulées en compagnie de Rimbaud, Barjavel, Frégni, Sade, l’Abbé Prévost, Des Grieux, Don Juan… Il est de pire compagnie !
              Et puis un coup de fil au CDI… « Votre lycée pourrait participer à l’opération Goncourt des lycéens »… On me communique l’information… Serais-je intéressé ?...
              Oui, sans hésiter, oui !... L’investissement est lourd pour le lycée, le risque à prendre est grand (beaucoup d’investissement aussi de la part des élèves… sont-ils capables de lire dix romans me demande finement la documentaliste…) De toute façon, oui ! Oui, parce que c’est une immense ouverture. Oui, parce que ça fait lire ! Oui, parce que c’est une chance en Centre Bretagne ! Oui, parce que j’ai déjà participé en 97 et j’en garde un souvenir éblouissant. J’y reviendrai un de ces jours.
 
 

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Paolo Conte et Richard Cocciante

Publié le par Eric Bertrand

              « Journal du 24.06 (2/2) :Par ailleurs, je reprends à présent la lecture de l’ensemble et commence par ce prologue dont la fonction est notamment de créer l’atmosphère. J’accentue donc le trait référentiel : l’allusion à la géographie sicilienne, aux lieux, à la nature (arbres, fruits), aux noms, à la céramique (il s’agit de bien ancrer la scène dans la réalité de cet endroit particulier de la Sicile : Santo Stefano di Camastra).
              Dans un but dramaturgique, je renforce également le caractère excentrique des deux conteuses. Ce sont des figures locales et pittoresques dont le Verbe doit être aussi pittoresque que le pays qu’elles incarnent. 
              Quant à la légende qu’elles rapportent, elle me convient bien et je ne la retouche plus. J’ai également trouvé les deux premiers thèmes musicaux qui contrastent dans le style : d’un côté Paolo Conte, de l’autre Richard Cocciante ».
 
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Bambino sulla spiaggia...

 
Rubrique Goncourt : ils arrivent ! Cahin, caha !           
La liste des ouvrages sélectionnés est enfin arrivée. La commande passée, il reste à les attendre avec une certaine fébrilité. En coulisses, nous autres professeurs et documentalistes, nous manœuvrons pour essayer de récupérer chez les libraires quelques-uns des ouvrages... De leur côté, les élèves commencent eux aussi à réclamer : pour réaliser le pari, il ont besoin des livres. Mais nous sommes en province, et les choses ne viennent pas vite ! En ce qui me concerne, j’ai pu me procurer l’ouvrage des frères Poivre d’Arvor. Je n’en ai lu que 50 pages… Il va falloir accélérer ! Mon souci est en même temps de balayer toutes ces lectures, comme on balaie devant sa porte, de façon à faire coïncider cette activité et celle de la préparation au bac.
 

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Gigi l'Amoroso

Publié le par Eric Bertrand

              Journal du 24.06 (1/2) :je n’ai pas fini… J’écris, je crois, l’ossature de la scène finale, celle qui oppose le départ de Gigi aux implorations de Francesca et Carolina. Elles ne veulent pas le laisser partir avec une étrangère qui vient d’un monde hostile et dangereux.    
              Dans cette scène, elles vont incarner une sorte de chœur collectif sicilien. Ceux qu’elles ont connus enfants font l’épreuve de leur liberté et hésitent un peu à tourner le dos à ce que représentent ces deux femmes qui les retiennent et qu’ils respectent.
 
              En ce qui concerne les traits de la réfection : Francesca et Carolina connaissent non seulement des contes mais aussi des chansons. Ainsi, la chanson « Gigi l’Amoroso » fournit-elle une base cohérente au final, base que je vais mieux exploiter. »
 
              La chanson de Dalida convient bien à la génération de Carolina et Francesca. Et puis, elle rend bien compte de l’esprit des deux conteuses. Elle va prendre une importance remarquable dans la version finale, tant par la forme que par le contenu puisqu’elle met en scène un autre Gigi, parti vivre en Amérique… De là, un effet de mise en abyme comme je les aime…
              Après cette rentrée fracassante est tellement chargée, une nouvelle pause argentine qui s’offre enfin sous un beau soleil d’été indien. A lundi !

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Sabbia rossa sulla spiaggia...

Rubrique Goncourt : il est toujours plus juste pour sonder une classe afin de leur demander de réagir à l’écrit… Alors voici pêle-mêle quelques-unes des réactions : la majorité affronte avec une sérénité relative la perspective de lire tant de livres… Ils parlent de « projet enthousiasmant ». Ils soulignent aussi tout l’intérêt qu’il y a à préparer la rencontre avec des écrivains réels et de découvrir ce secteur de la littérature qui leur est inconnue. De rencontrer d’autres lycéens aussi… Certains d’entre eux sont plus mesurés et évoquent une sorte de « peur panique » face au travail à accomplir... Enfin, plus pragmatique, un autre savoure à l’avance l’idée de manquer quelques cours...

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Deux couples en contrepoint

Publié le par Eric Bertrand

          « Journal du 23.06 :je sais par expérience que la phase la plus dure, celle du « chantier », est pratiquement achevée et qu’elle annonce la seconde phase, celle de la construction définitive et de la finition. J’en suis là. Ce n’est déjà plus le travail à la tâche, mais un travail plus « distingué ».
              Pour me mettre dans l’ambiance, et aménager les moments de musique et de danse, je suis en train de fouiller dans la discothèque pour assurer en musique de fond les disques de vedettes italiennes plus ou moins connues : Zucchero, Paolo Conte, Claudio Baglioni, Laura Pausini, Eros Ramazzoti, Gian Maria Testa, Adriano Celentano… Il y a une longue scène entre Salvatore et Tiziana. Je vais logiquement en ajouter une entre Gilda et Gigi. Elle aura des spectateurs : Salvatore, Tiziana avertis par Lauredana et Francesca et Carolina. Cette scène est fondée sur la technique du contrepoint que j’ai déjà expérimentée dans le Tennessee club. Elle permettra, à travers une double séduction, d’établir un savoureux contraste entre la retenue du couple Tiziana-Francesco et la passion sensuelle du couple Gilda-Gigi. »
 
              S’il y a toujours effectivement le contrepoint dans la version finale, les acteurs ont changé : le couple romantique, c’est celui que constituent Salvatore et Ornella. J’ai beaucoup travaillé cette scène notamment dans la version narrative. C’est même le dernier chantier mené avant remise à l’éditeur.
 
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Un copio con un'altro vicino !

 
Rubrique Goncourt : tout simplement pour aujourd’hui, la liste des élus … Première réaction ? Treize romans au lieu des dix annoncés, et un certain nombre de pages ! Et les élèves ne sont sans doute pas au bout de leur surprise… Je visite demain leurs réactions à l’écrit.
 
Sélection Goncourt des Lycéens 2006 :
 
Fils unique, Stéphane Audeguy (Gallimard) 262 pages (17,50€)
Un pont d’oiseaux, Antoine Audouard (Gallimard) 429 pages (21€)
Quartier général du bruit, Christophe Bataille (Grasset) 114 pages (11,90€)
Supplément au roman national, Jean-Eric Boulin (Stock) 154 pages (15€)
L’amant en culottes courtes, Alain Fleischer (Seuil) 612 pages (22€)
Le bois des amoureux, Gilles Lapouge (Albin Michel) 346 pages (20€)
Ni toi ni moi, Camille Laurens (P.O.L.) 400 pages (19,90€)
Les Bienveillantes, Jonathan Littell (Gallimard) 910 pages (25€)
Contour du jour qui vient, Léonora Miano (Plon) 274 pages (18€)
Journal d’Hirondelle, Amélie Nothomb (Albin Michel) 136 pages (14,50€)
Disparaître, O. et P. Poivre d’Arvor (Gallimard) 324 pages (18,50€)
Marilyn dernières séances, Michel Schneider (Grasset) 400 pages (20,90€)
Ouest, François Vallejo (Vivianne Hamy) 266 pages (18,50€)
 

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