« Journal du 9.08 : Je crois avoir trouvé une solution à la difficulté de la scène en contrepoint qui est
d’un bon effet scénique mais qui, en revanche dans le récit, nécessite une approche tout à fait différente : le jeu consistera à analyser ce que j’appellerai une
alchimie de l’amour.
Quels sont les ingrédients de l’éternel discours amoureux ? L’échantillon qu’en
donnent nos deux amants est suffisamment représentatif des « fadaises » (le mot est de Nougaro) qui peuvent être débitées dans le jeu de la
séduction.
En même temps, par le jeu du contrepoint qui est ensuite reproduit
sans la mention des personnages, je donne au lecteur l’occasion d’ouvrir la palette du discours... Ce ne sont pas les mêmes couples qui se parlent. D’un côté, le discours
« impudique » et « direct » et, de l’autre, le discours « pudique » et « romantique »…
Templi e turisti americani...
Rubrique Goncourt :Rencontre à Troyes, le 2 octobre 2006
Une collègue de Troyes a assisté à des interviews qu’elle nous transmet généreusement…
J’alimente donc cette rubrique par documents suivants, consacrés d’abord à Audouard puis à Bataille, Sneider est aussi annoncé... Pour les matinaux, Boulin ce matin sur France Culture à
9h00.
Quelques questions à Antoine Audouard
Comment avez-vous réagi à la sélection Goncourt ?
J’étais content, j’ai appelé ma maman.
Que pensez-vous de la démarche du Prix Goncourt des Lycéens ?
C’est la première fois que j’y participe. Mon fantasme de scène était de monter un groupe de rock, le PGL est une occasion de monter sur scène… Souvent, les écrivains et les éditeurs se plaignent
de ne pas avoir de jeunes lecteurs, cette initiative est une occasion à ne pas laisser passer.
Quel livre vous a marqué ?
La Chanson de Roland, et plus particulièrement la scène où Roland sonne
dans l’olifant. En écrivant mon livre, j’ai repensé à cette histoire.
Pourquoi écrivez-vous ? Ne redoutez-vous pas de ne pas être compris ?
Je me suis mis à écrire parce que je suis tombé amoureux. C’est banal, mais ça reste ça. Ne pas être compris, je crois que ce n’est pas ce dont il faut avoir peur. A
un moment ou à un autre, quand on est dans une démarche avec une exigence personnelle, on n’est pas compris. Dans la vie d’écrivain, il faut accepter d’aller sur sa propre voie sans cultiver le
goût de la solitude, sans la fête artificielle du succès. …
Un des textes auquel je pense souvent est le discours de réception d’Albert Camus pour le prix Nobel. Chaque ligne parle du métier. Lorsqu’il parle de la nécessité
« d’écrire à hauteur d’homme », il évoque en même temps la solitude et le rapport personnel à la beauté, tout comme l’appartenance de l’écrivain à la communauté des hommes : la
notion de succès n’entre pas en ligne de compte. Le succès ne recoupe pas un chiffre de vente, mais une humanité, une fonction sociale de l’écrivain qui n’est pas un être extérieur, mais qui est
relié aux autres.
Que pensez-vous du métier d’écrivain ?
Tous les gens de la chaîne du livre en vivent, les seuls qui sont dans une posture beaucoup plus délicate, ce sont les écrivains. Le livre constitue une toute petite
industrie où la source de richesse, les écrivains, n’en vivent pas, en règle générale. Il existe quelques exceptions heureuses. Finalement, c’est un métier qui n’en est pas un.
D’où vient le titre de votre livre ?
Il est inspiré de la légende vietnamienne du début de l’ouvrage.
Et vos noms de personnage ?
Je case toujours le nom de copains. Karaz est le nom d’un joueur de tennis, il sonnait bien. J’utilise aussi le nom de gens que je n’aime pas.
Dans votre ouvrage, vous mettez en scène un fils à la recherche du père. D’où vous est venue cette idée ?
C’est une question qui se pose, celle du retour du père avant de mourir, d’un père qui ne l’a pas élevé. C’est arrivé à un ami. Son père était atteint d’une
dégénérescence neurologique, sa dernière phrase a été « J’ai des choses à dire »… Il me semble que la transmission du silence doit être brisée, parce qu’on en a besoin pour
vivre.
Votre livre a-t-il une dimension autobiographique ?
Je n’ai pas fait la guerre d’Indochine … Mon père est né au Viet- Nam en 1914 parce que son père était dans l’armée coloniale. Les traces qui restent sont une photo
de lui dans les bras de sa nourrice tonkinoise, et le sabre du grand-père. Mon père dormait avec ce sabre quand on son père lui manquait trop. L’arrière-plan émotionnel est donc un peu
autobiographique.
En fait, la fascination est née avec un pays, avec les gens, il y a une dizaine d’années. C’est devenue une obsession, et j’ai été fasciné par la beauté de ce pays,
de ses paysages.
C’est aussi une lecture de l’histoire face à une guerre qui aurait pu ne pas être, une guerre qui nous a marqués et nous marque encore. Il s’agissait de garder une
trace de cette,mémoire. Ce n’est pas une autobiographie directe, mais qui passe à travers la souffrance et la beauté, des émotions propres. J’ai essayé de rendre compte des deux faces de la
médaille, de confronter la mémoire française à la mémoire tonkinoise.
Faut-il avoir honte d’être français ?
Dans nos guerres coloniales, les Français se sont alliés avec des gens qui ont cru en eux et les Français leur ont fait croire qu’ils allaient les aider. Il s’est
passé la même chose en Algérie, on a assisté à un bégaiement de l’histoire avec le massacre de ces personnes.
C’est une tache dans notre histoire, quelque chose qui n’est pas souvent dit et il y a nécessité d’arriver à le dire, une nécessité d’accepter cette part de notre
histoire.
Il ne s’agit pas de repentance ou de fierté, même pas d’ un « devoir de mémoire », mais du devoir de comprendre. On ne peut le faire qu’en se dégageant du
devoir moral, de la question du bien ou du mal. Pour avoir la capacité dans l’avenir de donner une réponse meilleure, on a besoin de se replonger dans notre histoire, de savoir et de
comprendre.
Réaction de collègue :
Merci à babette nous avons vu Audouard,laurens et shneider j'ai regretté de NE pas avoir enregistré leur contribution .........
très étonnée de la gentillesse Des questions posées à Bataille, nos élèves Ont été très durs avec ce livre pour eux déplacé dans une Tel concours....
Schneider fut lumineux, chaleureux, attentif , Laurens contrairement Au souvenir que j'avais d'elle fut assez coincée, impatiente et bien peu
souriante, mais Le champion toute catégorie a été audouard, IL a su apporter l'humanité et la sensibilité qui Ont donné l'envie de lire à ceux que Le sujet avait
ennuyés............. Riche , riche expérience , les élèves étaient enchantés et n'ont cessé d'en parler depuis.