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Gueuloir

Publié le par Eric Bertrand

« Journal du 10.08 : j’ai engagé le processus de correction, de filtrage. Le sentiment d’un texte livré à l’état brut et qui doit passer à l’affinage. Je comprends la formule de Flaubert qui parle de « gueuloir » : sans passer forcément par une séance pendant laquelle il faille « gueuler » au sens propre, néanmoins il faut passer les mots, les phrases, la mise en page, les liaisons, à l’oreille et c’est souvent source de stridences… Ce sont ces stridences là qu’il faut modifier…
              Dans le travail de relecture, j’insère également quelques notes afin de renseigner le lecteur sur les quelques mots italiens qui parsèment le texte.

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Bambini della Beffana ! Gli stessi amiratori !

 

Rubrique Goncourt :
Latitudes du lecteur
A partir des propositions des élèves de la Première L
 
              Je me promène dans un Hollywood de la littérature. Le flash des photographes surexpose chaque page. Je glisse sur le tapis rouge du texte, le strass et les paillettes des mots, la limousine de la syntaxe. J’avance sur le Sunset Boulevard d’un roman lumineux au bout duquel je vois briller, comme sur une enseigne, le visage tourmenté de Marilyn. Les sables du désert de Mojave rentrent un peu sous mes paupières, mais le moteur des Pontiac, des Buick se mêle à la rumeur des caméras qui filment, jusque dans mon sommeil et sur mon divan, les stars de Beverly Hills.
              Et maintenant, comme un bolide diaboliquement lancé sur le périf parisien, j’avance à toute vitesse dans le Quartier général du bruit. Les rues peuplées soulèvent des nuées de lettres, toutes emmêlées les unes aux autres. Rêve de tour Eiffel de mots, de quai Branly de métaphores, d’avenue des Champs-Élysées pavée de livres d’or.
              Le lingot s’appelle Alan, et j’effleure de mes doigts un gros livre capitonné comme le siège d’un bus rouge, un bus anglais qui m’amène hors des sentiers battus. Le bus avance vite, aussi vite que ma lecture du roman dont le trajet est secoué par de rares arrêts et de multiples rebondissements. Je longe les quais de la Première Fois, je ne vois plus tourner le Big Ben de mon horloge et me plonge avec délice dans le tumulte d’une Tamise amoureuse.
              Les lettres s’envolent. Je surfe sur la page nette. Les mots d’amour sont des mails qui s’affichent sous mes yeux. En haut de mon écran, et de ma conscience, clignote encore une phrase obsédante « je ne t’aime plus »... Les chapitres sont des claviers dont les touches écrivent le scénario d’un long roman.
              La couverture du livre érige une haute barrière à escalader. Mais je grimpe, je grimpe et je m’accroche et je saute dans le vide. Derrière les fils barbelés des mots, des images, au son d’une syntaxe obsédante, je passe douloureusement dans l’Allemagne de 1939.
              Tout est autour de moi, aride, tourmenté. Une lourde atmosphère... Je m’enfonce dans l’Afrique profonde d’un autre livre. De page en page, le tam-tam de mon cœur accélère la cadence… Je veux savoir, je veux tout savoir, je veux tout savoir... Je marche vite, je suis maintenant dans l’Afrique de ma passion et, frénétique, je me dirige vers le Mboasou. J’aperçois enfin quelques familles, je discute avec une petite fille. Elle a dix ans. Elle est belle et têtue, elle me ressemble… Je ne renoncerai pas ! Moi non plus, je ne renoncerai pas ! La pluie de l’émotion envahit la page… Une pluie diluvienne qui embue les yeux et coule sur les joues. Et au fur et à mesure que je tourne les pages, et que le tam-tam continue de cogner, j’enfonce les doigts dans la boue du vice et du crime.
              Faire ses valises pour partir en voyage, partir loin d’ici, partir et aller vers les mille et unes pages de l’Orient. Glissée entre deux oreillers, chaque page est une minute passée à dos de chameau en quête de vestige passé. Où suis-je ? J’ai beau regarder à l’horizon, fermer et rouvrir les yeux, même les frotter…je n’aperçois que du sable, aucune trace de pas…je me retrouve seule dans ce Sahara de lecture. Mais la lecture est un oasis. Après le désert aride des autres romans, je me désaltère avec délices de ses eaux dorées sous laquelle règne le soleil inversé de Lawrence d’Arabie. Sous le coin de chaque page, une ombre, celle d’un homme… je le devine tout au long de ma lecture, je le vois s’approcher. Il me relève, me donne à boire. Je veux toucher son visage, je m’en approche, j’y suis presque, plus que quelques centimètres…ce que je touche, c’est mon livre.
 
Réaction de collègue : Merci à tous pour vos messages, vos envois, vos expériences. Cela soutient, surtout lorsque les conditions matérielles ne sont pas toujours favorables à une entreprise comme celle du Goncourt des lycéens. Le lycée Jean Lurçat, en réfection, vit un véritable maëlstrom depuis la rentrée: algécos minuscules où s'entassent 35 élèves pour remplacer les salles de cours en reconstruction, boue et eau dans ces mêmes algécos lors des premières intempéries méditerranéennes, absence de sonnerie pour marquer le début et la fin des cours , marteaux piqueurs et scies pour rythmer nos cours et nos lectures, déménagements et emménagements successifs ( car les travaux se font par tranches), bref, certains jours on ne sait plus trop où on en est. Pourtant, le CDI neuf est ouvert aux élèves du Goncourt avec un coin où ils peuvent se réfugier pour lire (ils bénéficient de fauteuils et d'une moquette!) et le proviseur nous est très favorable. Quant aux collègues leur collaboration est plus variable. Il faut dire que la situation est telle que tout le monde est à cran.
Nous avons ouvert un blog car la classe Goncourt, classe de seconde est partagée en deux options, MPI et sciences humaines. J'ai pensé ( mais, ai-je bien pensé?) qu'un blog, au lieu d'un journal de bord de papier, motiverait plus les tièdes et fédérerait une classe un peu hétérogène. Pour l'instant, je rame pas mal, le blog n'enthousiasme pas les foules!
Nous avons fait une table ronde destinée à faire le point sur les premières lectures, puis un débat au sujet de Supplément au roman national  car Jean Eric Boulin
sera l'un des écrivains invités par la FNAC prochainement. Nous prévoyons un café littéraire : trois romans au programme, plusieurs élèves pour les présenter et lire quelques passages, puis débat, le tout accompagné de chocolat chaud et de  quelques nourritures terrestres gracieusement offertes par la FNAC. Le café en question doit débuter à 8 heures du matin.
Les romans les plus lus sont pour l'instant, Disparition, assez unanimement apprécié, Journal d'une hirondelle, très controversé, Quartier général du bruit, choisi pour sa bièveté et aussitôt abandonné par la majorité des élèves qui disent ne rien y comprendre. Les Bienveillantes, choisi courageusement par plusieurs élèves dès le premier jour, est très apprécié.
J'essaie personnellement de tenir la cadence et j'avoue ma très nette préférence pour Fils unique qui m'a séduite pour sa qualité d'écriture .
Voilà pour ce petit tour d'horizon. Nous avons d'autres projets mais, pourrons-nous les mener à bien dans une atmosphère aussi tendue ?
Bonne lecture à tous. Continuez à donner de vos nouvelles, vous lire est toujours encourageant et réconfortant.
 

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Table des matières

Publié le par Eric Bertrand

              Suite du journal du 9.08 : Par souci de clarté et de rigueur dans la narration, j’ai également tenu une sorte de table des matières que j’ai intégrée le 3.08 dernier : en voici la suite : 
 
-         Jour 3 -
-         10 :p46 : Un peu avant sept heures du matin : Salvatore a donné rendez-vous à Tiziana et Ornella. Les autres ne sont pas encore là. Tiziana arrive la première et rencontre Gilda.
-         11 :p48 : entre sept heures et sept heures trente : à l’arrivée de Salvatore, Gilda s’efface et Salvatore commence une scène de séduction.
-         12 :p50 : aux alentours de huit heures : Francesca, Carolina et Lauredana rejoignent le ponton. Salvatore et Tiziana quittent le ponton en leur compagnie.
-         13 :p53 : après neuf heures. Le couple Gilda et Gigi se forme : scène érotique.
-         14 : p55 : La scène a lieu à proximité du bosquet. Le reste du groupe épie le couple. Colère de Gigi. Ornella reste avec Salvatore.
-         15 :p56 : le discours amoureux. Alchimie.
-         16 :p58 : la rencontre de Gilda et de Francesca et Carolina.
-         17 :p60 : conversation chez Gilda et fâcherie.
-         18 :p62 : début octobre. Epilogue.
 
 
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Bambini per la Beffana sotto le stelle...
 
Rubrique Goncourt : « Le journal d’hirondelle »
 
              Il est difficile de trouver matière dans ce livre qui se lit tout seul et qui enchaîne, un peu trop facilement, les épisodes. J’y ai repéré cependant un passage dans le livre au cours duquel l’auteur se livre à un intéressant exercice de réécriture.
              Son personnage de tueur sombre de la manière la plus inattendue qui soit dans la mélancolie de l’amour. Mélancolie au sens fort puisque, une fois de plus en littérature, Eros rejoint Thanatos ! (Amour et mort indissociablement liés) Et pour cause ! Le malheureux vient d’abattre froidement la jeune fille dont il tombe ensuite amoureux…
              Cela donne lieu à un plaisant vague à l’âme de l’abatteur abattu dans le lieu hautement romantique du Père-Lachaise. C’est l’occasion de rappeler le sens littéraire de « romantisme » et d’évoquer la figure de Nerval qui est implicitement cité dans le passage choisi.
 
Texte pages 96-97
 
Rappel de la situation. Après le crime de la jeune fille et l’épisode de l’hirondelle.
Un jeu sur la figure de l’assassin : des éléments attendus, qui renvoient à la réalité du crime dans lequel il est impliqué : relever ces éléments… et, en même temps, des éléments de surprise qui correspondent à un tournant dans son existence (et c’est tout l’enjeu du roman, montrer comment l’assassin peut être sensible et tomber amoureux) : relever les éléments qui renvoient à la tendresse et à la sentimentalité. Commenter la formule « révolver constellé ».
Un univers romantique : le romantisme du XIX°, celui qui est associé au sentiment des ruines et à cette attirance particulière pour les cimetières et la mort. Des noms et des références à fixer… Ce cadre et le sentiment que le héros ressent sont à l’origine d’une transformation : un autre rapport au monde (dans la façon de le ressentir mais aussi de le comprendre) : sensibilité à fleur de peau, lyrisme, idéalisme.
Remarque : comment le narrateur a-t-il acquis cette culture littéraire au point de tutoyer les poètes et d’intégrer les citations de vers à ces rêveries ? Cela aurait supposé un travail supplémentaire sur la personnalité du narrateur à moins que le narrateur ne soit simplement que le masque fantasmé d’un auteur cultivé, amateur de poésie romantique.
 
Réaction de collègue :
Un petit mot à propos des rencontres de Nantes. C.laurens, S.Audéguy et A.audouard ont été parfaits, passionants. Mes élèves ont particulièrement apprécié la gentillesse d'Audouard(et sa disponibilité: il n'a pas hésité à s'assoir et à deviser avec eux), et le naturel et la franchise D'audéguy. JE Boulin , en revanche a eu quelques soucis avec son public. Il est entré dans la salle comme pour un show télévisé , puis lors des questions a sans doute voulu ressembler à l'image qu'il se fait des adolescents: aucune tenue, langage relâché, ne répondait pas aux questions ou les contournait... Bref, les élèves n'ont pas été dupes et sont rentrés à Angers en colère contre lui. CEux qui n'avaient pas encore lu son livre,  ont déclaré qu'ils ne le feraient sans doute pas car le personnage les avait énormément déçus. j'ai bien sûr essayé de leur dire qu'il ne fallait pas mélanger la valeur littéraire et le personnage public que se forge l'écrivain, mais je ne sais pas si j'ai été entendue. Il faut dire , pour sa défense, qu'il est passé juste après un Audouard qui a su captiver son auditoire comme en témoignait le silence qui accueillait certains de ses propos.
Voilà pour la rencontre de Nantes. Elle a tout de même eu un effet très bénéfique, il me semble qu'elle a redonné un second souffle à la classe puiqu'ils sont sortis du Cdi tout à l'heure , chacun avec plusieurs livres sous le bras.
Cela m'intéresserait de savoir ce que d'autres classes ont pensé de la prestation de Boulin à nantes ou ailleurs.
 
 
 
bonsoir; pour nous Troyes avec lapouge, bataille, audouard, nothomb
c'est elle qui a plu... à mes élèves: directe, très très brève, frisant le mépris à mes yeux pour des questions qu'elle disait ne pas comprendre(si je leur répondais comme cela!) . Lapouge a bien expliqué son projet de livre "gentil", mais les élèves n'aiment guère. Bataille a intéressé. Audouard bien, mais je ne crois pas qu'il ait paru aussi convaincant qu'à Nantes.
Le choix du délégué est fait, même s'il n'a pas encore tout lu; comment faire pour le vote à la rentrée? Sans doute un calcul par pourcentages, pour tenter de rendre compte des tendances...
La Fnac vous a-t-elle donné des info précises sur la rencontre des délégués à Metz? comme d'habitude, notre responsable n'est pas pressé de me tenir au courant (horaire, lieux précis)
Je me sens un peu lasse: élèves très bavards, ne sachant pas se maîtriser. Je suis assez contente de la séance sur les paroles rapportées avec extraits de Disparaître,  Bois des amoureux
et ouest ds un ordre de difficulté croissante avec de bonnes remarques sur les effets. J'avais pensé à Boulin pour le polémique mais je ne me sens finalement pas assez à l'aise avec ce texte

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La scène au bar / Fils unique.

Publié le par Eric Bertrand

Nous avons essayé la scène du bar qui débouche sur l’entrée en scène de Gilda… nous travaillons sur la lenteur, et l’impression de chaleur, de canicule. Gigi s’ennuie quand son ami le rejoint, il n’a pas très envie de discuter. Dans le rôle de Salvatore, Ronan est un peu trop énergique et sautillant. Il faut se livrer à un jeu sicilien qui consiste surtout dans une phase de parade. Il arrive sur scène sur son beau vélo blanc, il prend le temps de se montrer, de sinuer autour de la scène avant de poser le vélo.

 

              Gigi est de mauvaise humeur, on comprend, à travers les premières répliques, qu’il ne supporte plus beaucoup ce rituel journalier de la sieste auquel il refuse de se soumettre. Il faudrait que quelque chose se passe dans son pays pour qu’enfin il sorte de son engourdissement. Mathieu doit travailler sur cette ambiguïté du personnage : c’est un volcan qui sommeille… engourdissement et fulminations doivent diriger les différents moments de son discours. Car il ne s’agit pas non plus d’endormir le spectateur mais de l’emmener en Sicile.

 


Ceramiche per Carolina !



Rubrique Goncourt :
« Fils unique » en son genre !
 
On connaît l’austérité du petit frère (Jean Jacques !) lequel n’évite pas les épisodes savoureux et scabreux dans ses Confessions, mais on ignore tout des frasques du frère, François Rousseau !... C’est réparé !
              Fils unique fournit en tout cas l’occasion d’un travail sur le libertinage. Objet d’étude de la première : « un mouvement littéraire et culturel du XVI° au XVIII° ». Le roman offre le regard précis et décalé d’un personnage haut en couleur… François prend sa part du plaisir associé au libertinage de mœurs, généralement attaché à ce mouvement (on pense à Dom Juan, Valmont et autres Casanova, mais il appartient aussi au libertinage de pensée qu’on a trop facilement tendance à oublier au sujet de cette période. L’éducation que François a reçue est en effet marquée par la libre pensée si caractéristique du XVII° siècle qui a vu fleurir la première pensée libertine…
              Cette évidence m’amènera à choisir tout naturellement par la suite l’étude de Don Juan de Molière. Cet aristocrate bourreau des cœurs tient notamment des discours sur les femmes qu’il sera intéressant d’éclairer par le biais du roman d’Audeguy. Les discussions dans le « salon des Poissonnières » qu’il relate à la fin de son roman sont édifiantes. Il y a là des énoncés qui s’opposent et révèlent des conceptions radicalement opposées. Je fais lire aux élèves un extrait de la Coloniede Marivaux pour bien montrer que ces idées-là sont dans l’air du temps…
              En même temps, un détour par une lettre de Valmont (et peut-être aussi la projection du film les Liaisons dangereuses seront les bienvenus… Des extraits du roman soulignent certains aspects de la société du XVIII°. La barbarie de « la nation civilisée », la légèreté des mœurs, les privilèges des nobles, le développement de la pensée scientifique aussi bien dans les salons que dans les lieux expérimentaux : en particulier, cet épisode cocasse du roman où le héros, expert en horlogerie, met au point un automate doté de performances sexuelles assez édifiantes !
              Ajouter au passage la référence à l’illustre petit frère : pourquoi a-t-il écrit ses Confessions ? Il y a des aveux difficiles à Jean Jacques, des aveux qui font rire sous cape le libertin, aveux d’une perversité refoulée, un penchant à un certain masochisme… Evoquer aussi ces aveux de Jean Jacques dans le cadre d’une réflexion sur la difficulté d’écrire sur soi et de rester sincère. Et puis, à cette occasion, en venir au fameux épisode du ruban volé dont Audeguy nous offre une version nouvelle : ce travail figurera dans l’objet d’étude « réécriture ».
 
Organisation de ces pistes pour le cours de présentation
Ce travail vise notamment à donner des pistes pour l’objet d’étude : « un mouvement littéraire et culturel : le libertinage »
 
Exposé de Manon. Manon présente les différentes étapes de ce roman qui couvre tout un siècle puisque François, né en 1705 meurt à plus de 90 ans…
 
Présentation du livre en contexte
 
Intro : au cœur du XVIII° siècle connu pour être le siècle des Lumières mais aussi un siècle traversé par les courants de pensée libertine dont l’origine remonte au XVII°, pensée critique qui met à distance les fondements de l’édifice social en place (société de l’Ancien Régime). Cette dimension du mouvement est encore très présente au XVIII°, mais elle se mêle également à une autre tendance : celle du libertinage de mœurs…
 
Les deux frères en tête à tête
Rousseau dans Fils unique 
Rousseau dans les Confessions (Extrait du livre 1)
Le cas Jean Jacques : origine des Confessions. Pourquoi Rousseau a-t-il décidé d’écrire cette œuvre ? (Les sources du biographique)
Les douloureux aveux. L’objectif des Confessions est la réhabilitation de l’auteur.
Un exemple de « l’examen de conscience » : l’épisode du peigne brisé : dans les Confessions, dans Fils unique (p82-83)
 
Activités dirigées
 
Cavalcade au cœur du XVIII° siècle à partir de quelques extraits du roman d’Audeguy :
La société de l’Ancien Régime et ses usages (p131-132).
La persistance de la barbarie (p155-156). 
La liberté des mœurs et la corruption (41-42 / p131-132).
L’esprit scientifique (expériences et conception d’automates « d’avant-garde » ! p140-141).
Le goût de la conversation et du choc des idées (p224-229)
 
Discussion de salons
Le club des Poissonnières et le statut de la femme (p224-229)
Le théâtre tribune : extrait de la Coloniede Marivaux
 
Réaction de collègues :
 
Nous avons reçu les livres le 15/09 et après 2 semaines de lecture certains
élèves s'accrochent, alors qu'au départ ils étaient tous affolés. Comme nous
allons rencntrer Schneider, Laurens et Audouard à Marseille lundi 3/10, ils
essaient de lire assez vite ces 3 bouquins. Marilyn et Ni toi ni moi ont un
certain succès, surtout auprès des filles. En revanche, Un pont d'oiseaux
recueille assez peu de suffrages. Pour les autres titres, les élèves disent
adorer Journal d'hirondelle, ne rien comprendre à Quartier général du bruit.
Ouest, qui a été assez peu emprunté à ce jour, est paraît-il "intéressant",
avec des personnages "attachants". Je ne l'ai pas encore lu.  J’ai attaqué le
9° roman aujourd'hui et celui qui me laisse la meilleur souvenir pour
l'instant, c'est Fils unique.Je garde le "dictionnaire" (c'est ainsi que mes
élèves appellent Les Bienveillantes) pour la fin car à lui seul il en vaut
bien trois... J'avance donc vaillamment dans ce marathon en espérant que je
ne vais pas m'essouffler ni regretter de ne pas être allée au ciné depuis 3
semaines (à cause du "privilège" d'avoir les romans une semaine avant qu'ils
ne soient livrés aux élèves).

En ce qui concerne les activités que je pratique avec mes élèves, et à part
ce que certains d'entre vous ont déjà proposé, j'ai demandé de repérer au
cours des lectures les portraits dans les romans et d'ici quelques jours
nous les recenserons pour effectuer une étude de certains d'entre eux.
Je peux aussi vous dire qu'afin de favoriser l'intérêt que génère une
lecture  rapide, je fais venir la classe entière pendant les heures de
module et d'AI.
Merci à tous ceux qui envoient des propositions d'activités liées aux
oeuvres : on y trouve son bonheur.
 

 

 

 

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La scène au bar / Norma Jean Baker.

Publié le par Eric Bertrand

              Après la scène du "safari" au Ponton, nous avons essayé la scène du bar qui débouche sur l’entrée en scène de Gilda… nous travaillons sur la lenteur, et l’impression de chaleur, de canicule. Gigi s’ennuie quand son ami le rejoint, il n’a pas très envie de discuter. Dans le rôle de Salvatore, Ronan est un peu trop énergique et sautillant. Il faut se livrer à un jeu sicilien qui consiste surtout dans une phase de parade. Il arrive sur scène sur son beau vélo blanc, il prend le temps de se montrer, de sinuer autour de la scène avant de poser le vélo.
              Gigi est de mauvaise humeur, on comprend, à travers les premières répliques, qu’il ne supporte plus beaucoup ce rituel journalier de la sieste auquel il refuse de se soumettre. Il faudrait que quelque chose se passe dans son pays pour qu’enfin il sorte de son engourdissement. Mathieu doit travailler sur cette ambiguïté du personnage : c’est un volcan qui sommeille… engourdissement et fulminations doivent diriger les différents moments de son discours. Car il ne s’agit pas non plus d’endormir le spectateur mais de l’emmener en Sicile.
 
 

Ceramiche a Santo Stefano di Camastra
 
Rubrique Goncourt : la légendaire Norma Jean Baker…
 
              L’un des attraits de ce roman, outre le travail de recomposition de la vie d’une personnalité aussi complexe que celle de Marilyn, c’est celui qui consiste précisément à retrouver un peu de cette période et de ce contexte qui fut celui de la légendaire Norma Jean Baker…
              Tout est bien vague dans mon esprit quand j’entreprends la lecture. Mais l’un des bénéfices de la lecture n’est-il pas justement de jeter de la lumière sur des zones d’ombre ? Et puis j’ai le plaisir du guide, celui dont la tâche consiste à defricher le terrain pour les élèves.   Qu’est-ce que Marilyn pour des adolescents ? Il faut programmer un film, afin qu’ils la voient, qu’ils s’attachent peut-être au personnage, qu’ils aient envie d’en savoir plus. Ce sera « les Désaxés » dont il est question dans le roman. 
              A la page 383, on trouve cette réflexion de Marilyn : « Ma vie, je pourrais l’écrire rien qu’avec les titres des chansons de mes films… » Suit un inventaire de ces titres. J’ai une collègue qui me propose le CD des chansons de Marilyn. Je vais leur en faire écouter un échantillon. Puis, en guise de « récréation d’écriture », je leur demande d’adopter la même méthode et de raconter leur vie à partir des chansons de leur choix.
              Je leur photocopie également les chansons de Gainsbourg, « Norma Jean Baker » et « Baby alone in Babylone » afin qu’ils réfléchissent aux conditions énigmatiques de sa mort. Les textes de Gainsbourg figureront en poésie, en croisement avec le biographique. Demain, « Fils unique ».
 
Réaction de collègue (à propos de culottes courtes)
Ce bouquin m'a mise mal à l'aise. S'il a satisfait mes désirs de 
syntaxe (rien à dire de ce côté-là), si j'ai admiré le style, tout de 
même très proche du strict pastiche, je ne sais quoi faire de 
**l'histoire**, qui me paraît en effet relever d'une variété 
d'autobiographie, [genre proliférant à l'endroit duquel à quelques 
exceptions près j'ai de sacrées réserves : si je peux être triviale, 
l'autofiction, ça me gave, et je trouve le "roman" de Laurens 
ridicule] avec un penchant au fétichisme y compris lexical (j'ai 
compté 62 occurrences de "culottes courtes" entre la page 359, moment 
où j'ai décidé de me mettre à compter, et la fin) dont je ne sais pas 
quoi faire parce que je ne sais pas quelle est la position de lectrice 
qu'il m'accorde. Autrement dit, je ne suis pas sûre que le lecteur ne 
soit pas dans ce texte saisi dans le même genre de relation que celle 
qui "unit" Barbara et Allan, relation ANALOGUE je veux dire : voyeur 
impuissant à se déprendre mais pour quel "bénéfice" ? A côté du brio 
du style par exemple, il y a la simplicité sommaire du découpage, il y 
a le ressassement du lexique, celui des gestes quotidiens, il y a le 
côté attendu d'une narration explicitement proustienne, et qu'est-ce 
qu'on en fait ?
            Il faut que j'aille au lycée m'occuper de la mise au monde 
de notre-finalement-blog, j'arrête un peu vite mes remarques en vrac, 
en ajoutant que je comprends absolument le malaise des élèves : c'est 
leur histoire, et ils sont bien trop jeunes pour en goûter le parfum 
de retour sur soi, d'où les accusations de pornographie.
 
 ici aussi  Nothomb a le vent en poupe mais Disparaître, Contours, Pontsd'oiseaux et Marilyn suivent de près. Tenez bon, essayez de garder du plaisir dans cette aventure………….
 

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Les actrices face à Gilda : ce qui se joue sur la scène.

Publié le par Eric Bertrand

Pour entrer dans le jeu et commencer à réfléchir sur les personnages et leurs intentions, mardi soir, nous travaillons sur deux scènes qui se jouent entre les adolescents. D’abord la scène initiale, celle qui se joue en face du ponton. Gilda est en train de se pavaner à l’avant-scène tandis que les trois autres guidées par Tiziana l’observent de la plage à l’aide de leurs jumelles…
              Ce qui est en jeu là, c’est l’affirmation des tempéraments. D’un côté, Ornella, fascinée par l’assurance et l’arrogance impudique de Gilda, et de l’autre, Tiziana et Lauredana, choquées par le scandale de sa position et de son comportement. Ce désaccord souligne bien les caractères.
              Diane, qui joue le rôle de Tiziana trouve assez bien le ton moqueur qu’il faut mettre dans certaines des répliques en même temps que cette intolérance à la limite de la xénophobie dans laquelle elle cherche à entraîner ses camarades. Samantha la suit assez bien sur ce terrain, bien qu’encore timide. De son côté, Hélène joue assez bien sur le registre de la provocation et de la fantaisie. Cette fille qu’elle observe révèle en son personnages des envies qui la troublent et elle parvient assez bien à montrer l’excitation. Demain j’évoque la scène des garçons.
 
 
HPIM1960.JPG
Quando arriva Gilda, Porta Palermo...
Rubrique Goncourt : Jeu d’écriture
 
              En parallèle à la réflexion sur les livres de la sélection, je trouve toujours intéressant de travailler en ce moment sur l’idée de l’effort de lecture, idée d’une errance sinon d’un voyage, d’une épopée à travers la « jungle » des treize romans…
 
              Après avoir demandé aux élèves « comment ils lisaient » (cf : dernière suggestion), je leur ai demandé de présenter l’une de leur lectures non pas simplement comme une lecture mais comme une aventure à travers un espace géographique inscrit dans le roman, ce que le spécialiste appellera « topos ».
              Le recours à cette notion d’espace peut engendrer un intéressant travail sur la métaphore et, en même temps, leur permettre de s’exprimer autrement sur un roman de leur choix. Par ailleurs, cela les oblige à revenir peut-être davantage à la réalité géographique d’un univers romanesque (Orient de « disparaître », Afrique de « contours du jour qui vient », Londres de « l’amant en culottes courtes », Basses Alpes de « le Bois des amoureux », landes breto-normandes de « Ouest », Amérique de « Marilyn, dernières séances »…
 
Exemple : j’avance sur le Sunset Boulevard de ce roman au bout duquel je vois briller, comme sur une enseigne lumineuse, le visage tourmenté de Marilyn. Les sables du désert de Mojave rentrent un peu sous mes paupières, mais le moteur des grosses limousines, les Pontiac, des Buick se mêle à la rumeur des caméras qui filment, jusque dans mon sommeil, les stars de Hollywood.
 
Réaction de collègue :
Dans l’interview qui est sur le site de la FNAC, Fleischer dit et redit « 
c’est la premier texte autobiographique d’ampleur, le premier texte
strictement autobiographique « .
Alors roman ?

Je me demande si le sous-titre roman n’est pas plutôt à prendre dans l’air
du temps et du triomphe de l’autofiction.
A Marseille Camille Laurens a fait un flop quand elle a fini par lâcher
qu’elle en s’appelait pas Camille Laurens dans la vraie vie, et que donc ce
n’était pas elle etc…le pacte de lecture instauré au début, dans la note
liminaire, au feu. Et c’est vrai que les élèves lui en ont beaucoup voulu…
 

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