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Le métier d'enseigner

Publié le par Eric Bertrand

            C’est un fait pas toujours reconnu par le grand public (et c’est aussi pour cette raison que j’ai écrit « l’Organisme »), le métier d’enseigner n’est pas une tâche facile... Témoin un courrier envoyé par une jeune collègue et à qui j’ai adressé la réponse suivante.

 

 

              « Ton courrier pose une grande question et met le doigt sur la complexité et j'irai jusqu'à dire "le romantisme" de notre mission... Quand on sait à quel point le mot « romantisme » oscille entre chimère et désespoir, exaltation et désenchantement...

Les premières années d’enseignement font appréhender la réalité du métier si on l'a empoigné comme il fallait... L'expérience, le "recyclage" de cours déjà « tout faits » et « réchauffés » n'y font rien. Et ce sentiment trouble d'insatisfaction à la sortie de certains cours, cette impression de gâchis, d'incompétence, ce syndrome de Don Quichotte qui vient frapper les ailes...

On sort brisé par des mesquineries, des paroles déplacées, des rafales de vulgarités diverses... Et puis revient le matin, et puis jaillit la conscience et ça repart avec la même voix qui vibre et qui résonne, l'intelligence qui claque, et le fouet qu'on brandit avant que les chevaux ne fatiguent à nouveau... Et ainsi de suite dans un éternel recommencement. C'est un métier qu'on mérite. Courage. »

 

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Proposition de correction du sujet sur « Persépolis ». Arguments et énonciation

Publié le par Eric Bertrand

NB : ce devoir, en même temps que l’exploitation d’un film donnait l’occasion de travailler à la fois sur le motif de l’énonciation et sur celui de l’argumentation, motif à acquérir progressivement pour la troisième.

 

                 « Percez police ! »

 

                  Il y a des films qu’il faut aller voir ! On en sort comme éclairés… « Persépolis » est l’un de ces films ! Et puis, pour une fois que les parents pourront penser à peu près la même chose que vous, n’hésitez pas à les mettre dans le coup ! Peut-être même qu’à l’avenir, ils prêteront davantage d’attention à vos choix en matière de cinéma !   

                  Le film raconte avec humour et distance ironique le parcours autobiographique d’une femme indépendante élevée dans un milieu intellectuel dans l’Iran du Chah. « Marjie » n’est alors qu’une enfant, mais déjà se développe en elle un farouche esprit de liberté. La fameuse auteure de BD  à l’esprit sarcastique qu’elle est devenue est déjà un témoin politique à l’esprit vif et caustique ! Si vous ne savez rien de ce grand pays au destin mouvementé qu’est l’Iran, alors c’est le moment de vous instruire ! Marjane Satrapi retrace avec précision les événements historiques qui ont secoué son pays. Essayons de déblayer le terrain ! Le Chah, tyran sanguinaire est enfin bousculé par la révolution, la « république » islamique va pouvoir se mettre en place et laisser le champ libre à l’Espoir… Mais méfions-nous des espoirs politiques trop vite foulés au pied ! Peut-être connaissez-vous la chanson de Brassens intitulé « le Roi »… Elle annonçait en 1977, juste avant la chute du régime : « Il est possible au demeurant / Qu’on déloge le Chah d’Iran / Mais il y a peu de chances qu’on / Détrône le roi des cons ! ».  En effet, force est de constater avec Marjie, qu’au tyran succèdent les tyrans et que, sous couverture religieuse, les libertés sont une fois de plus bafouées. C’est même pire ! L’adolescente qui ne supporte pas le voile, qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui a elle aussi ses idoles (Iron Maiden en Iran !) est en danger… Ses parents le savent bien et son franc-parler l’expose directement à la répression. C’est pour cette raison qu’elle quitte son pays pour se rendre en Autriche où elle continue sa formation et son émancipation.

                       Le grand mot est lâché ! Il est cher à Marjane Satrapi comme à toutes celles d’entre vous qui ne supportent pas l’humiliation d’une société machiste ! Le film fait réfléchir à l’émancipation de la femme dans tous les pays mais aussi sur toutes les formes de violence qui accompagnent un régime fondé sur la dictature. Plus de vingt ans de drame sont reparcourus par le film, du régime du Chah à celui des ayatolas en passant par les purges civiles, la guerre meurtrière contre l’Irak de Saddam Hussein (plus d’un million de morts), la terreur que fait régner la république islamique… La famille de Marjane est touchée au cœur, le grand-père fusillé par la police du Chah, l’oncle Anouche à son tour exécuté par les hommes du nouveau régime. Pas de doute, vous êtes maintenant incollable en matière d’histoire et de sociologie iraniennes !

                        Mais revenons à vos passions d’enfance ! Vous aimez sans doute la BD, et vous avez raison ! Il en existe de tous les genres… « Persépolis » est un film d’animation et vous prendrez un réel plaisir au graphisme du dessin. Inspiré de la bande dessinée de l’auteur, il est expressif et varié. Il réinvestit des tableaux prestigieux comme ceux de Folon, de Friedrich, de Picasso ou de Munch… Alors vous apprécierez dans ce film les multiples clins d’œil que l’ancienne étudiante en art qu’est Marjane Satrapi adresse au spectateur. Revisitons avec elle « le cri », « Guernica », « Voyageur contemplant une mer de nuages », et les peintures de Folon. A un moment du film, lorsque Marjie revient dans son quartier, une bombe a explosé. Vision d’horreur… La petite fille  pousse un cri d’angoisse, cri que le peintre Munch, dans le tableau du même nom, a su traduire dans cette oeuvre qu’il faut absolument connaître. L’horreur est également présente dans la vision des massacres perpétrés par Saddam. Explicitement, l’image recompose les traits du célèbre tableau de Picasso « Guernica » que vous avez déjà forcément vu au moins une fois en cours d’histoire. C’est cette violence que rejette la famille de Marjane et particulièrement l’oncle Anouche qui, dans sa jeunesse, avait collaboré à la constitution d’une petite république en Azerbadjan, entreprise réduite à néant par le régime... Anouche doit alors s’exiler et franchir de hautes montagnes du haut desquelles il médite, « voyageur au-dessus d’une mer de nuages ». Ce tableau de Friedrich renforce, s’il en est besoin, l’impression romantique que dégage la figure de l’oncle aux yeux du spectateur et de la petite fille.

                            Comme son oncle, Marjie a de l’ambition ! Autant en politique qu’en amour ! Et c’est un des moments les plus savoureux du film. Les garçons qu’elle aime ne sont en effet pas à la hauteur de ses attentes, et la malheureuse vole de désillusions en désillusions. Cette impression  d’innocence contrariée est parfaitement rendue par les citations des tableaux de Folon qui nourrissent chacun des épisodes de ses idylles. Les amants de Marjane sont de piètres individus qui la font tomber de haut. A chaque fois, l’Amour (et le dessin !) la fait décoller, et à chaque fois la déception la laisse s’écraser. Mais pas de chichis ! Le thème de la tromperie est toujours traité avec un humour décapant : ainsi, la caricature de Marcus, qui apparait au début de la romance comme un délicat petit prince, est particulièrement réussie et le discours qui déconstruit la romance fait de lui un abominable petit monstre !

                             Peut-être vous reconnaîtrez-vous là-dedans ! En tout cas, Marjane Satrapi n’a rien épargné pour toucher le jeune spectateur ! Et on se demande ici, à la rédaction, si elle n’a pas tourné ce film spécialement pour les ados ! Il faut voir de quelle façon elle raconte sa propre adolescence lorsqu’elle force le trait. A travers  une série de gros plans sur les différentes parties de son corps soumis à la tyrannie de l’organisme, elle inspecte avec justesse les mutations de sa silhouette et de son visage. L’une des étapes de sa métamorphose en belle jeune fille passe même par la citation d’une figure horizontale de « Guernica », ce qui, une fois de plus, est signe de distance ironique.

                     Décidément, empressez-vous d’aller voir ce film ! Croyez-moi, tout comme l’élégante et géniale Marjane Satrapi, vous rentrerez chenille et en vous en sortirez papillon !

 

Exercice : relevez les arguments. Relevez les indices d’énonciation.

 

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Retour sur Persepolis

Publié le par Eric Bertrand

                Le lecteur se souvient sans doute de mes articles au sujet de ce film et de la réception que les élèves lui avaient faite. Ces articles ne pouvaient pas être utilisés tels quels devant une classe de quatrième : je les ai donc adaptés pour fournir une « correction » à un exercice d’écriture qui était le suivant :

 

« Dans un article de journal destiné à un public d’adolescents, présentez de façon attractive le film de Marjane Satrapi « Persepolis ».

Suivez le plan suivant :

- Un titre

- Un paragraphe de présentation personnelle avec résumé.

- Un paragraphe concernant l’un des intérêts du film.

- Un autre paragraphe concernant un second intérêt.

- Un paragraphe incluant un jugement personnel. »

 

                   Je vous propose de vous livrer demain une adaptation de l’article intégral revu et corrigé... 

 

Proposition de correction du sujet sur « Persépolis ». Arguments et énonciation

 

NB : ce devoir, en même temps que l’exploitation d’un film donnait l’occasion de travailler à la fois sur le motif de l’énonciation et sur celui de l’argumentation, motif à acquérir progressivement pour la troisième.

 

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Un prologue pour le Petit Prince

Publié le par Eric Bertrand

Le professeur : encore la tête dans les étoiles monsieur Saint Exupéry ? Donnez-moi votre carnet s’il vous plaît !

Elève : il ne faut pas s’inquiéter monsieur, c’est un bouffon, il est toujours dans les nuages !

Saint Exupéry : (il tend son carnet en hésitant) : ne m’en voulez pas, monsieur, j’ai dessiné un petit mouton sur une page de la correspondance.

Le professeur : (très ironique) très spirituel, Saint Ex !... Et vous croyez peut-être que les mauvais élèves peuvent endormir leurs parents le soir, parce qu’ils ont dessiné des moutons sur les pages d’un carnet de correspondance ? (Il va pour ouvrir le carnet, un second élève intervient aussitôt pour l’en empêcher)

Guillaumet : attendez monsieur, il ne dessine pas que des moutons ! Il raconte des histoires. Ouvrez plutôt son grand cahier, c’est un vrai livre d’images !

Le professeur : tu as l’air bien au courant toi !... (Après hésitation, il rend le carnet sans l’avoir ouvert) Alors, puisque c’est comme ça, on vous écoute tous les deux ! Racontez-nous ce qu’il y a sur le grand cahier du petit Saint Exupéry !

Guillaumet : vas-y Saint Ex ! Dis-lui pourquoi tu planes !

Saint Ex : (après hésitation, il se décide et change de visage) : alors tu m’aides Guillaumet, c’est d’accord ?

Guillaumet : OK ! Parle-nous tout de suite du Petit Prince !

Saint Ex : (il est dans un autre univers) : je suis un aviateur !... c’est le désert autour de moi et j’ai posé mon avion. Je sais pas le réparer, je m’énerve... !  

Guillaumet : et tout à coup surgit là, en plein désert, un drôle de petit bonhomme !

Saint Ex : et ce drôle de petit bonhomme veut que je lui fasse des drôles de dessins... et puis il se met à me parler des choses étranges qu’il a vues, des gens bizarres qu’il a rencontrés !

Guillaumet : des business man, des Cramoisis, des géographes, des fleurs qui parlent !

Saint Ex : des fleurs qui séduisent ! Il est même tombé amoureux d’une rose !

Guillaumet : mais la rose fait des ravages autour d’elle ! Le serpent lui a donné rendez-vous et le serpent est jaloux. Il va flinguer le petit prince si le petit prince ne se méfie pas !

Saint Ex : le petit prince n’a pas de flingue... mais il a toujours le crayon de l’aviateur que je lui ai donné... et c’est pour cela que je dessine n’importe où monsieur le professeur.

Guillaumet : Dans toutes les salles que nous allons maintenant visiter, il y a des inscriptions de l’aviateur !

Saint Ex : si vous voulez bien nous suivre !

 

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Regain de « Petit Prince »

Publié le par Eric Bertrand

                     Maintenant que le spectacle approche et que les répétitions s’intensifient aux côtés du metteur en scène, les élèves un peu tièdes « remontent au créneau » et trouvent qu’il sera peut-être plus amusant de jouer devant les autres... Et puis au moment des répétitions, « on ne fait pas de grammaire ou d’orthographe ! »...

                      Ceux qui ne voulaient plus, ceux qui se masquaient derrière de vaines excuses reculent, tombent aujourd’hui le masque et réclament même de dire quelque chose...

                   A la dernière représentation, nous avons convenu que j’écrirais un petit texte en supplément pour quatre d’entre eux afin de remplacer l’animation qui était prévue avec le collègue d’EPS, malheureusement arrêté depuis la rentrée de janvier.

Je mettrai en ligne ce petit supplément destiné à « lancer » le spectacle...

 

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