Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Cour de la Commanderie et rue du Temple : balades à La Rochelle (5)

Publié le par Eric Bertrand

 

Rues de La Rochelle (26) [1600x1200]

 

Rues de La Rochelle (29) [1600x1200]

 

              Les Templiers sont présents à La Rochelle pour des raisons historiques. Aliénor d’Aquitaine leur avait accordé des avantages dans la ville et ils occupaient, il y a de cela plus de sept siècles, une position avantageuse dans un secteur très animé, situé entre la Grosse Horloge et le quartier du Perrot. Le somptueux monastère de la Commanderie et les riches bâtisses qui leur appartenaient (après avoir été confiés aux Hospitaliers) ont certes disparu, mais leur présence est encore marquée dans le nom de rues comme la rue du Temple ou cette Cour de la Commanderie.               

              Et si le flâneur tente cette plongée dans le temps, il lui suffit de s’engager dans un petit passage qui jette son amorce dans la rue du Palais : il tombe alors, au détour d’une cour intérieure, dans l’étrange rue des Templiers qui a des airs de labyrinthe, sur une croix templière incrustée sur le pavé devant une grosse maison.

               Les Templiers ont été, comme on sait, chassés et massacrés après ordre de Philippe le Bel. Mais certains ont eu le temps de se réunir et d’organiser leur évasion du port de La Rochelle vers... l’Ecosse et plus particulièrement vers le nord du pays.

               Le lien entre passé et présent est ainsi établi au nom de la Vieille Alliance : « the Auld Alliance » entre Français et Ecossais et le fait qu’il y ait, à l’aéroport de la Rochelle, une liaison directe low-cost entre Edinburgh et la ville des derniers Templiers n’est peut-être pas seulement le produit du hasard.

 

 

Rues de La Rochelle (30) [1600x1200]

Rues de La Rochelle (32) [1600x1200]

Voir les commentaires

La rue de Pernelle et l’hôpital Aufrédy : balades à La Rochelle (4)

Publié le par Eric Bertrand

 

 

Rues de La Rochelle (6) [1600x1200]

 

                Il y a à La Rochelle, du fait de la situation de la cité sur l’Atlantique, de ses ressources en vin et en sel, un passé lié au commerce triangulaire. De grandes fortunes se sont, ici comme à Nantes, édifiées chez les armateurs. C’est le cas de la famille Aufrédy qui , en plein XVIII°, investit dans des navires en partance pour l’Afrique et que Balzac cite dans « Splendeurs et misères des courtisanes ».

                Mais à cette époque, la fortune lancée sur la mer reposait en même temps sur une « assiette » bien aléatoire... Ainsi, les Aufrédy, victimes d’un coup du sort, jouent-ils avant l’heure, le scénario inventé par Balzac. Splendeur et puis misère... Misère absolue, au point qu’ils ne doivent leur survie qu’aux religieuses dont on a vu la présence si marquée place Royale à La Rochelle...

                J’employais à dessein à leur propos le terme « d’assiette » et je songeais à l’analyse de Montaigne... « Le monde est une branloire pérenne », à Hamlet qui se sent « enfermé dans une coquille de noix ». C’est l’héritage baroque de ces maîtres qui nous disent, du haut de leur XVI° siècle, que rien n’est assuré sur cette pauvre planète où, bon an, mal an, nous conduisons, les uns et les autres, notre frêle destin.

                Les Aufrédy ont eu le temps de songer à cela... « vanitas, vanitatis », les fortunes sont au gré des flots... Mais un jour, miracle, les navires qu’on croyait engloutis reviennent au port. Shakespeare invente le même incroyable scénario dans le dénouement du « Marchand de Venise ». Mais entre temps, les consciences ont été marquées, les esprits ont mûri, médité, et par reconnaissance, l’épouse Aufrédy, la dite « Pernelle », a fondé l’hôpital du même nom.

 

Rues de La Rochelle (7) [1600x1200]

 

Voir les commentaires

Le secteur des Forestières Place Verdun : promenades à La Rochelle (3)

Publié le par Eric Bertrand

Les-rues-de-La-Rochelle--13-.JPG

               Au-dessus de l’agitation urbaine, marché, voitures, passants, veille encore le visage doux et compatissant d’anges un peu oubliés qui règnent sur la ville et s’inquiètent du sort des miséreux.

               Le marcheur qui traverse la Place Verdun, anciennement « Place d’Armes » (on distingue l’ancien nom comme en palimpseste sous la plaque actuelle, et plus anciennement encore « Place du Château »), est attiré par les lustres du café de la Paix ou par les affiches du cinéma « l’Olympia »...

                Comme la majorité des bâtiments de cette place blanche, en dépit des tourments et des tumultes de la rue, les façades demeurent dignes et silencieuses. A l’image des Forestières qui, sous la conduite d’une certaine Anne Forestier, convertie au catholicisme suite à la révocation de l’Edit de Nantes, se dévouaient pour les miséreux en leur fournissant des lits et des soins. Elles officiaient justement à l’étage de ce bâtiment qui offre à la fois des paradis artificiels, des images pour oublier ou des lits pour panser ses plaies, c’est selon !

               A noter, pour ceux qui voudraient entendre une histoire d’amour derrière cette histoire de sainteté liée à La Rochelle, le savoureux roman de l’une des Ecrivaines de la côte, Jocelyne Ezvan : « les Forestières ».

 

Les-rues-de-La-Rochelle--12-.JPG

Voir les commentaires

Le quai Duperré : promenades à La Rochelle (2)

Publié le par Eric Bertrand

Rues de La Rochelle (4) [1600x1200]

               Quel scandale dissimule l’austère cité derrière ses hautes tours et dans les plis de ses venelles ? Les liaisons peuvent être dangereuses ou clandestines à l’entrée de La Rochelle ! Nous sommes à la fin du XVIII° siècle. Pierre Chanderlos de Laclos, le célèbre auteur des « Liaisons dangereuses », licencieuses lettres échangées entre libertins avoués, n’a pas été insensible aux dessous de la vieille ville…

                Chargé d’une mission relative à la construction d’un nouvel arsenal, il en a aussi profité pour taquiner l’honorable et sémillante soeur de l’amiral Victor-Guy Duperré, baron d’empire, dont la statue trône à l’entrée du Port de la Rochelle. L’amiral tourne le dos à la mer et toise la Grosse-Horloge. Est-ce un effet de soudaine inquiétude pour la respectabilité de sa maison ?

                Sous l’arcade de la Grosse-Horloge, le marcheur s’engage dans le cœur de la vieille cité et peut examiner à son gré la trame de toutes les intrigues qui s’y nouent... (Que l’amiral Duperré se rassure : le galant à la sulfureuse réputation épousera la belle)... C’est un dédale de ruelles, et dans quelque hôtel particulier, la jeune Anne-Soulange, à peine âgée de seize ans, reçoit, réfugiée en son boudoir, le fringant officier qui sait si bien parler aux femmes des infortunes de la Vertu...

 

Rues de La Rochelle (34) [1600x1200]

Voir les commentaires

L’avenue de la Repentie à Laleu : promenades à La Rochelle (1)

Publié le par Eric Bertrand

                 J’avais annoncé « Promenades à La Rochelle », alors allons-y, commençons la série que je mijote depuis un moment, photos à l’appui !

 

                 Laleu est étymologiquement un « aleu » (du latin « allodium »), c'est-à-dire une « zone franche ». Bref, Laleu est à l’origine une terre en marge de La Rochelle, une terre en friches, jadis accordée à des migrants qui souhaitaient s’installer sur une portion de terrain... Figures romantiques que ces exilés dédaignés par les nantis du centre-ville et considérés comme des intrus inquiétants, sauvages et barbares (notre époque en connaît d’autres…)

                 Aux abords de la mer, en face de l’ile de Ré, se dresse une falaise blanche, dans un secteur qu’on appelle « le Pertuis breton ». Derrière le boulevard de Cagnehors rebaptisé ces dernières semaines « boulevard de la Lutte » par les dockers et les autres manifestants, l’avenue de la Repentie mène à la falaise et aux tourbillons. A de certaines heures, l’océan et le vent y font rage. Comme les hommes…

                 Il était une fois, dans ces parages où la mer communique un peu de sa violence et de son fiel, une certaine Myria, belle jeune femme à la chevelure et au tempérament de feu. Elle ne tolère ni la misère, ni l’exploitation des fils de Laleu. Dressée contre un noble, le comte de Châtelaillon, elle organise la résistance. Naguère, son fils a été lui aussi appelé dans cette contrée située à quelques milles marins de la falaise des déshérités. 

                La nuit est sombre, périlleuse, les vaisseaux qui passent au large de Laleu sont la cible des naufrageurs qu’encourage Myria. Elle fait allumer des feux pour tromper les navires qui viennent se fracasser contre les rochers. Mais elle ne sait pas qu’un soir, son fils est à bord de l’un des navires.

                Ivre de chagrin et d’amertume, du haut de cette falaise qui a piégé le dernier équipage, la rousse Myria se précipite, et devient « la Repentie ».

 

Les rues de La Rochelle [1600x1200]

Voir les commentaires