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livres

Maupassant et « L’Epave » (2/3)

Publié le par Eric Bertrand

                La marée monte dangereusement et, face au danger de plus en plus évident, le narrateur se réjouit de se retrouver dans la proximité de la jeune fille qui l’affole... Je passe sur les détails du sauvetage et sur « le happy end » qui n’en est pas un. Car ce qui compte avant tout pour le lecteur amateur de Maupassant, c’est qu’on retrouve dans cette nouvelle et notamment dans son dénouement tous ces ingrédients si caractéristiques de son art et de sa philosophie... Montée de la fièvre du désir, conscience de l’influence de la nature, méditation sur le caractère éphémère de la beauté...

                La jeune Anglaise a promis d’écrire, et, au fil des années, elle devient la fidèle correspondante du narrateur qui la suit tout au long de ces années et qui redoute le changement qui l’a forcément atteinte. Car l’ami Guy est d’une implacable cruauté à l’égard des femmes... Quelle est « L’Epave » ?... Qu’on se souvienne de deux autres nouvelles, l’une : « Adieu », l’autre, plus connue, « une Partie de campagne ».

                Dans les deux cas, à l’issue d’une aventure galante une petite péronnelle se trouve défigurée par le masque de la maturité. Même pas par la vieillesse, non... simplement par la prospérité de la petite bourgeoisie qui empâte et qui bouffit ses traits. En cela « l’Epave » est « une partie de Campagne » au large du phare de Chauveau.

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Maupassant et « l’Epave » (1/3)

Publié le par Eric Bertrand

               La publication dans un journal local d’une nouvelle de Maupassant à propos de la Rochelle et de l’Ile de Ré a attiré mon attention pour deux raisons : d’abord, je m’intéresse de près à tout ce qui concerne l’histoire de cette région que j’habite et ensuite parce que Maupassant est l’un de mes auteurs favoris...

              La nouvelle est intitulée « l’Epave », elle est parue dans le recueil « La Petite Roque ». Il y est question d’un bateau qui s’échoue sur un ban de sable au large de l’Ile de Ré. Le narrateur, qui travaille pour une compagnie d’assurance, est envoyé sur place. Après une déambulation dans La Rochelle en attente du bac « Jean Guitton » (belle évocation de la ville à cette époque), il arrive à St Martin et accède à marée basse au navire.

              Le commandant du Jean Guitton lui a vivement conseillé de surveiller l’horaire. Nous sommes dans la journée du 31 décembre, le temps est froid, gris, la mer agitée. L’assureur commence sa visite à bord et se retrouve en compagnie d’une famille d’Anglais, le père et ses trois filles dont l’une est agée de dix-huit ans et l’attire immédiatement. On cause, on plaisante, on s’excite et voilà l’horaire oublié (...)

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Lecture d’Imago : une autre migration (2/2)

Publié le par Eric Bertrand

               Dans cet horizon, la silhouette de Marie-Ange s’impose peu à peu. On s’attache à ce jeune garçon qui fait une entrée difficile dans la petite école de campagne mais qui, à force d’acharnement, parvient à saisir l’intérêt de la culture que lui transmet son maître. On le suit au fil des chapitres dans une aventure qui le fait quitter la terre natale et choisir son destin et « une autre migration » comme l’indique le sous-titre du roman.

               Pas la migration subie par le « bégule » (jeune homme embauché pour rendre service dans une ferme du département limitrophe – le Morbihan -) mais une migration choisie, celle qui passe par Paris. Belle scène de départ en micheline de la petite gare de Loudéac : « l’odeur était particulière, une odeur de bois, de cuir, de fer mouillé et de tabac froid, c’était sans doute ça, le voyage ».

                L’audace du jeune homme est récompensée. Et cette audace gratifie le lecteur d’une aventure dans les milieux des peintres de Montparnasse. L’ouverture d’esprit de Marie-Ange et cette culture solide nourrie de bon sens l’amène à réussir et à oser l’imprévisible… Marie-Ange a compris le message des artistes qu’il côtoie, et il semble qu’il soit aussi le message du livre : l’œuvre d’art doit chercher avant tout à provoquer une interrogation. Qu’on relise phrase qui clôt le roman : « L’art suprême n’est pas la peinture mais l’art de montrer du doigt ce qui serait à voir ».

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Les chimères du Petit Prince

Publié le par Eric Bertrand

 

             Ce qui touche au « Petit Prince » m’intéresse tout particulièrement en cette année où je travaille à l’adaptation théâtrale du texte... Un récent article du blog de Pierre Assouline pointe du doigt une question qui vaut aussi pour toute traduction d’une œuvre d’art en langue étrangère et, en l’occurrence, en japonais.

             On mesure l’immensité du travail et la complexité de « choix de traduction » pour des mots ou des expressions qui peuvent plus ou moins toucher la sensibilité japonaise : Assouline évoque par exemple le cas du serpent boa des premières pages... Faut-il préférer « Serpent » à « Boa » ?... Le serpent se mord la queue quand on réfléchit à l’importance des dragons dans l’imaginaire oriental !

             Et le lecteur se souvient peut-être que ce serpent-là mange un éléphant et le narrateur expose, aquarelle à l’appui, de quelle façon il a dessiné cette drôle de chimère !

 

http://passouline.blog.lemonde.fr/2009/12/13/le-petit-prince-a-la-triste-figure/

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« Imago. Une autre migration », le dernier de Francis Lepioufle

Publié le par Eric Bertrand

               J’ai entre les mains le dernier livre de Francis Lepioufle, artisan des lettres qui, comme tous les écrivains que je respecte, considère le travail d’écriture comme un atelier des mots. Cela faisait longtemps que le livre « germinait » et j’avais eu le plaisir il y a déjà un moment d’en effleurer les pages. Mais c’était sous la forme d’un manuscrit en devenir.

               Mais dans ma boite aux lettres vendredi dernier, je l’ai redécouvert, dans un paquet sous la forme définitive d’un livre marqué aux éditions de la Roche Muzon, galante appellation dont l’origine peut être décryptée à condition d’être du coin. J’en fus !

               Et dès les premières pages, je ne peux m’empêcher de retrouver l’ambiance si particulière de ce coin de Centre Bretagne que je connais bien. Mais le livre est un roman. A la différence des « Chevaux de la Mémoire », l’ouvrage précédent de Francis, celui-ci nous entraîne au-delà des terres loudéaciennes, du côté de Paris et dans l’univers des peintres.

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