Comme je l’ai annoncé hier, je diffuse aujourd’hui le commentaire de Béatrice, ma sœur, et j’y réagis demain.
« J’ai relu avec beaucoup d'émotions "pour y voir clerc"...
Je dois dire aussi que j'ai beaucoup pleuré, avec bien sur le déclencheur de l'accident et de ta lutte à l'hôpital...
J'ai pleuré sur tes souffrances,
et parceque les émotions ne sont que des boomerang vers son propre destin,
j'ai pleuré sur les miennes,
sur l'enfance perdue, sur l'enfant perdu,
j'ai pleuré pour cette époque bénie de l'enfance perdue à jamais, sur l'insouciance et les yeux d'alors cillés sur la souffrance et le sens du destin.
Du haut de mes 8 ans, je n'ai pas compris ta souffrance et l'énormité de l'accident je crois ; j'avais une vision vague de quelque chose de dramatique mais que mon age ne me permettait pas
d'appréhender pleinement.
J'ai pleuré sur cette mémoire qui est tienne, et dont je fais partie avec douceur. J'ai pleuré de rage sur la fatalité qui est le maître de ce monde et nul autre.
Et puis j'ai fredonné ces airs gravés dans ma mémoire, qui effectivement nous ont accompagnés par tes soins et ceux de ton lecteur de cassettes !!!
Et toute la délicatesse de ces paroles, la magie de ces mots, le ciselé de ces mélodies me sont réapparues aussi fraîches et aussi mystérieuses qu'au premier jour...
La frustration de ne pas comprendre les mots et le sens de certains couplets.... avant de savoir, bien plus tard, qu'un texte a des portes d'entrée nombreuses et cachées, de comprendre la beauté
du rythme et de l'évocation, et de savoir aussi laisser le mystère flotter...
Puis je me suis endormie les yeux gonflés, le coeur lourd, mais avec dans la tête quelques notes de musique rafraîchissante, comme un petit ruisseau de ma tête vers... l'ailleurs ; j'ai toujours
pensé que le chant et la musique avaient quelque chose de profondément sacré, quelque chose qui monte, qui va vers le haut, qui ne s'arrête pas, qui poursuit et avance, quelque chose de têtu et
d'entêtant ; j'aurais aimé être musicienne...
Alors merci pour ce morceau de ton coeur et de ta tête que tu nous a ouvert, merci pour l'enfance re-partagée 40 ans après, merci pour cette légèreté et cette douceur de l'âme même dans les
souvenirs les plus cruels, merci d'être ce que tu es, merci pour ton écriture, n'arrête jamais. »