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theatre au lycee

Bilan de conférence spectacle : l’art de l’acteur (4/6)

Publié le par Eric Bertrand

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L’explication peut commencer. D’abord, le salut. Le moment crucial du salut. Prétexte à pantomime qui offre au comédien un bref moment d’abandon total que le conférencier nomme « brisé fondu ». « Courbure du dos », « nuque à 37° ». La silhouette est voutée, fondue, le regard se coule sur les chaussures qu’il faut, précisent-ils, bien cirer, pour garder l’air satisfait. Aérodynamique,  comme un plongeur avant le saut de l’ange, Dominique redresse les fesses, tend l’équerre de son visage, les boucles en formation, s’abandonne enfin au potentiel tonnerre d’applaudissements, là-bas, sur l’autre rive.

Puis, la concentration. Autre moment unique. Surtout éviter les pièges du charlatanisme ! Pratiquer la seule méthode qui marche : « la concentration par l’oubli de soi »... Celle-là passe par le regard intrépide, direct, sur le partenaire, jusqu’à le déshabiller, lui faire enfiler cet habit de lumière et de leurre, issu de sa propre composition : Dominique porte donc un turban rouge, mais Claude lui fait savoir que ce turban est vert, et Dominique « commence à s’oublier », et Dominique accepte même la proposition et prétend à son tour que son turban est vert, et que ses jambes sont « bien épilées ». Irrésistible aplomb du comédien... Aux yeux du spectateur, c’est comme si c’était vrai. Ils font semblant qu’il est vert et c’est encore plus vrai que vrai. Dominique avertit Claude : « Claude, tu as la braguette ouverte ». Trois fois. Et Claude avoue qu’il a la braguette ouverte... Déjà sur la scène, son regard effaré le laisse entendre. Au vu de cet air fauve de flagrant délit, de cet égarement qui n’a pour caution que la parole de l’autre, la braguette est évidemment ouverte ! Il faut décidément le reconnaitre, la scène exerce une véritable tyrannie sur les esprits. Loin des miroirs, loin des vitrines et de ceux qui ne sont pas avec lui sur la scène, l’acteur se met à vivre une autre vie. Dominique et Claude ont ensemble fait le voyage : pour être acteur et pour monter sur scène, il faut être monté dans le même autobus !

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Bilan de conférence spectacle : l’art de l’acteur (3/6)

Publié le par Eric Bertrand

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             Lui, Dominique Bernard, très délicat sur ses chaussures plates, tricotant des jambes pour accentuer la féminité, collants couleur chair montant sur des cuisses non rasées, petit turban rouge dans les cheveux, rouge à lèvres saignant, vernis aux ongles, lourd collier de rubis, boucles d’oreilles et pudique veste trois quart. Elle, Claude Jean, très académique derrière ses lunettes rondes, les cheveux blonds, presque blancs, bien plaqués, le costume serré, les chaussures plates et bien cirées, le visage de marbre qui ne sourit jamais (ne rien montrer de la féminité enfouie...) Derrière l’allure universitaire et la paire de bésicles du conférencier besogneux, on note le regard farouche, décidément pas franc, d’un petit Panurge occupé à semer le trouble dans les jardins de la Sorbonne.

 

Trois tortues trottaient sur trois toits étroits... Un chasseur sachant chasser doit savoir chasser sans son chien... Le ton est donné. Ces deux motifs sonores vont scander chacun des chapitres qu’ont décidé de parcourir les deux « émules du CNRCA » dont le sexe, comme les intentions, reste à déterminer. Ils avancent dans leur carré de jeu avec la précision de métronomes. Ils ont fait de la place dans la salle de classe, poussé les tables et poussé les bureaux. Ils sont assis sagement, jambes croisées pour la dame, négligemment écartés pour Panurge. Imperturbables, remontés comme des pendules, ils plongent le regard dans les regards inquiets ou amusés de spectateurs qu’ils mijotent de défriser. Plus on est de complices et plus on rit.

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Bilan de conférence spectacle : l’art de l’acteur (2/6)

Publié le par Eric Bertrand

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Au théâtre, le spectateur se demande toujours ce qu’il y a derrière le rideau. Que se passe-t-il au juste "en coulisses" ? Et surtout, qui sont-ils, ces comédiens qui nous pilotent dans leur monde et à bord de leur « bateau » ? Comment travaillent-ils leurs personnages ? A quelles techniques ont-ils recours pour les incarner ? A quels dangers s’exposent-ils ? Quand le métier les envoie « sur le ring » ou « dans les cordes », ne disposent-ils que de ces misérables pattes de lapin et de ces vigoureux « merdes » lancés au hasard par les amis, comme des projectiles ?... Autant de questions parmi d'autres qui interrogent le spectateur avant le début de la « conférence sur l’art de l’acteur » proposée par Dominique et Claude.

Il est huit heures en ce matin lugubre de tempête. Il fait encore nuit et le vent souffle sur le parking. La roulotte est garée... Ils ont enfilé les costumes et ils ont traversé les couloirs de l’établissement « presque incognito ». Quelques rares « passants » effarés rôdent déjà devant les salles de cours... Dans un lycée, les coulisses sont étendues et ouvertes au grand public, curieux du spectacle hallucinant et gratuit.

 

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L’art de l’acteur, conférence spectacle (1/6)

Publié le par Eric Bertrand

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                J’ai eu le plaisir d’organiser au sein de l’établissement la venue de deux comédiens dont l’une est ma collaboratrice sur le projet Jack. Le lecteur trouvera sur le site suivant l’essentiel des informations concernant ce spectacle qui propose notamment une réflexion sur l’acteur et l’art qui le mène, ce que Diderot appelle « le paradoxe du comédien »...

          Je propose à partir de demain un bilan de cette drôle de conférence... L’occasion aussi de revenir sur certains fondamentaux liés à l’art de la scène.  En attendant, bonne flânerie sur le site afin de vous en imprégner.


http://www.laconferencedelacteur.com/ 

 

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Travail de mise en scène sur Kérouac (2/2)

Publié le par Eric Bertrand

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           Comme je l’ai indiqué hier, je reproduis globalement aujourd’hui les recommandations données cette semaine par le metteur en scène à l’issue du dernier filage de jeudi.

 

« Il faut qu'on sente plus les différents climats : enfermement, beatnicks, liberté, évasion...

- Plus de parti pris par rapport à la révolte des jeunes gens de l'époque.

- Appuyer aussi sur le débat à propos des drogues. Qu'on sente plus les années 70 !

- Faire vivre le choeur / jeu possible avec le narrateur. 

- Pendant la fête, plus sentir les corps, les états des corps, rigidité, mollesse, affirmation.

- Montrer de l'engagement dans cette jeunesse qui rêve d'autre chose, qui cherche à agiter les consciences.

- Se poser la question : comment cela vous parle à vous ... et comment on le fait vivre à travers une création théâtrale ».

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