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civilisation sicilienne

Embarquer pour la Sicile : les trois derniers articles du reportage

Publié le par Eric Bertrand

L’un des objectifs de ce blog c’est l’invitation au voyage… En ce début juillet, peut-être certains d’entre vous ont-ils eu envie de rejoindre les rivages de la Sicile. Dans ce cas, je les invite à relire les articles de mon reportage du mois d’avril ou de suivre dans les jours à venir ceux que je n’avais pas eu le temps de mettre en ligne, débordé par l’actualité de la pièce.
Je recommence dès aujourd’hui pour une série de trois.
 
Porta Palermo, porta Messina (1/3).
 
              Porta Palermo, Porta Messina… Il est très souvent fait allusion dans la pièce à ces lieux stratégiques du village de Santo Stefano. En effet, comme celui-ci est situé sur une colline, lorsqu’on traverse le cours central d’est en ouest, on passe en 200 mètres de l’horizon de Messine à l’horizon de Palerme. Palerme ou Messine ? C’est à Palerme qu’habite la grand-tante d’Ornella. Dans le Ponton, on se souvient, du moins d’après la version narrative, que la jeune fille a commencé à s’émanciper à Palerme.
 
« (…) Ornella n’habitait pas le même quartier. Elle se distinguait des deux autres par son côté mauresque qui saisissait. Deux yeux noirs, piquants, un visage émacié et fin, des cheveux d’ébène avec des stylets de mèches assassines sur les tempes. Sur l’épaule, un tatouage : elle se l’était fait en cachette de ses parents, un jour qu’ils visitaient Palerme en famille… Elle avait soudain disparu, sous prétexte d’aller rendre visite à une vieille tante qui habitait près du Palais des Rois normands… Elle disposait du temps de visite, environ trois heures, pour embrasser la bonne tante... Emerveillement assuré pour le petit groupe de provinciaux lâchés dans la capitale.
 
Ils s’étaient donné rendez-vous en fin d’après-midi.
Eblouissement sous le soleil doux du printemps.
Avec un léger retard, Ornella parut enfin au bout de l’avenue.
Etait-ce l’effet de la lumière, du changement de cadre, de l’élégance de la toilette, de l’éblouissement qu’ils venaient de vivre ? Une enluminure ouvrait désormais un pan inconnu sur la chair brune de la jeune fille.
Ils la trouvèrent plus grande, plus femme. Pour la première fois de sa vie, elle portait quelque chose de suspect dans le regard, et dans la conscience.(…) »
 
Version narrative, extrait chapitre 7.

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Porta Messina...

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Céramique en Sicile : « l’annexe d’atelier » de Carolina !

Publié le par Eric Bertrand

Avant de reprendre la série consacrée aux réactions des élèves du lycée, un hommage à Jenny-Carolina en passant…
              Qui a lu les différentes étapes qui ont conduit à la création de cette pièce se souvient sans doute de la façon dont j’ai crée le personnage de Carolina. Il me fallait, à propos de la Sicile, parler de la céramique. Or, il se trouve que c’est un vieux rêve de Jennifer de travailler dans ce domaine…
              C’est là que la connaissance de l’actrice vient au secours de la création du personnage de fiction. J’ai imaginé Carolina et son fameux « atelier » à partir de ce talent qu’elle a pu exprimer lors de notre dernier passage à Santo Stefano di Camastra. Par le biais de notre ami Gaëtano, qui appartient à une grande famille très impliquée dans la céramique, les Gerbino, Jenny a pu passer du temps, à côté de Torremuzza, non, pas sur le ponton, mais dans l’atelier des céramistes ! « Da Carolina ! Artiste en céramiques… »
              Je joins une image de sa production et vous recommande son blog et notamment l’article qu’elle consacre à ce petit stage sicilien : « Une des leurs… »
 

HPIM1619.JPGHPIM1627.JPG"

"Da Carolina"... Mon annexe d'atelier !"

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Le détroit de Messine

Publié le par Eric Bertrand

Jour important. Tournant sur « le Ponton », puisqu’on joue au Moulin ce soir… En attendant, un article de reportage sur la Sicile « pour se mettre dans l’ambiance » comme dit Carolina…
« (…) Carolina : elle plongea dans le Détroit de Messine, entre Charybde et Scylla, longea longtemps la côte, s’écarta un peu sur les collines, cueillit les fleurs et les oranges, marcha dans les temples et les théâtres antiques, s’enfonça dans la montagne, but du bout des lèvres le vin de l’Etna, grignota quelques amandes (…) »
 
                 Il y a une expression courante en français : aller de Charybde en Scylla. Cette expression est, comme de nombreuses autres, d’origine mythologique. Les Grecs se représentaient les dangers de la mer comme des monstres qui sévissaient contre les bateaux. Charybde était un récif et Scylla un tourbillon, situés l’un et l’autre au large du détroit de Messine. Malheur aux navigateurs qui s’aventuraient là !... Ou bien le navire était englouti, ou bien il se brisait. Aller de Charybde en Scylla, c’est donc redoubler un malheur par un autre.
                  La ville de Messine semble en effet hantée par le malheur. Lorsque le voyageur arrive du continent, après la traversée du désert de Calabre, il traverse ce détroit qui sépare la Sicile du reste du territoire. La présence de la mer et la confluence des courants prennent aux cheveux.
                 Je marche sur le quai avec mon amie Gilda (pas l’Américaine !). On longe la mer pour accéder au centre-ville. Elle est née à Messine et elle aime sa ville où, confie-t-elle sur un ton coupable, « les granite et les arancini sont les meilleurs de toute la Sicile… »
                 La ville est aérée, ouverte sur la mer. En cela, elle est plus agréable que Palerme où l’on étouffe en été. Mais Messine a subi des tremblements de terre dont le dernier, en 1905, a détruit une grande partie de la ville et notamment ses arcades. Les arcades ouvraient l’espace comme le déplore Gilda, c’était un merveilleux effet de perspective qui anticipait sur toute la Sicile, comme un décor de théâtre, un tableau de De Chirico
 
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Caminare a Messina...
 

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A Palerme : une balade dans la capitale

Publié le par Eric Bertrand

Avant de jeter un coup d’œil sur le dernier devoir à propos du « Ponton » donné en première L, quittons les murs du lycée et des classes pour un petit tour du côté de la Sicile et du reportage écrit sur place. Je vous amène à Pelerme ce matin…
              Palerme est une ville énorme, écrasée de soleil et « rumorosa », « rumeureuse » comme disent les Italiens pour indiquer le bruit. Je serais tenté par le néologisme.
              À condition de supporter Palerme, de faire abstraction du bruit et de la chaleur, de la foule et des voitures, alors la ville porte et l’esprit se débride.
              Palerme vous emporte au-delà des grandes avenues (via Roma, Maqueda, Corso Emmanuele), vers de petites rues étranglées, sinueuses, des façades de palais à l’abandon, des églises en ruines, fontaines baroques, des palmiers, des plantes luxuriantes un peu partout, dans les rues et sur les balcons, des touffes d’herbe entre les trottoirs des coins plus miséreux… Végétation parfois si présente qu’on a l’impression d’une étrange cité précolombienne reconquise par une jungle poussée dans les franges de l’imaginaire.
              Sur la Piazza Marina, tout près du port, d’anciens cytis magnolias se tordent sur des troncs aux racines compliquées : comme des cerveaux débobinés aux quatre vents, ils ont des contes à débiter… Dans les allées du jardin, une mariée circule doucement, environnée de la suite élégante de la noce. Un caméraman filme la robe blanche et le cortège des simulations, sourire ravi des mariés, premier baiser, visage ému, larme de citron, le citronnier fait partie de la noce. Le témoin mélancolique suit dans sa robe fourreau.
               C’est le théâtre de l’amour qui se joue, et c’est le caméraman le metteur en scène. Les deux époux futurs se livrent souplement aux doléances. Il y a, au bout du jardin, une estrade en bois… ça fait comme un ponton. Cachée dans un coin de palmier, une vieille femme, figure étrange, sorte de Befana della piazza, s’escrime à dessiner les formes des troncs des fameux magnolias séculaires. Elle rature, gomme, lève le crayon, c’est dur, si coriace, si rugueux, si proche et si lointain… au jardin des époux, ce vieil arbre, tout vouté, tout ridé, un arbre en miroir sur lequel sa main parcourt en tremblant les lignes de sa jeunesse.

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Albero e matrimonio Piazza Marina 

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La scène finale : Gian-Maria Testa

Publié le par Eric Bertrand

Salon du Livre aujourd’hui à Loudéac. Le thème : « l’amour »… J’y reviendrai sans doute demain. Dans l’immédiat, revenons au travail de la scène qui a repris la vedette à mon reportage sicilien encore en veilleuse pour quelques jours.
               L’idée est de refermer le spectacle sur un moment en écho à l’ensemble : fond de diapos sur le thème déjà abordé des bonheurs simples en Sicile, (une tasse de café, une fleur, un paysage, une rue, un moment de détente au bar…) appui sur le beau morceau d’accordéon et texte de Gian Maria Testa que je viens de modifier de façon à souligner quelques uns des motifs forts de la pièce : je mets en caractères gras les modifications par rapport au texte original et entre parenthèses ce qui est remplacé :
 
Sono belle le cose
 
« Sono belle le cose, belli i contorni degli occhi e icontorni del rosso
Gli accenti sulle a, lacrime di pagliacci, le ciglia delle dive le bolle di sapone,
Il cerchio del mondo è bello, (l’ossigena delle stelle) la Befana sotto le stelle e la poesia dei ritorni di emigranti (e isole) come Gigi, cercando l’invisibile : (l’appartenenza) la Partenza.
E bello il fuoco e il sonno e il buio petulante gola dei fantasmi

E (il brodo) la polenta primordiale (padre nostro) della mamma nostra che cola in questi nomi… »

Elles sont belles, les choses.
 
« Elles sont belles les choses, beaux les contours des yeux et les contours du rouge

Les accents sur les a, larmes de Pierrot, les cils des divas, les bulles de savon,

Le cercle du monde est beau, (l’oxygène des étoiles) la Befana sous les étoiles et la poésie des retours des émigrants (et des îles) comme Gigi, cherchant l’invisible : (l’appartenance) le grand départ. Beau est le feu et le sommeil et la nuit pétulante, gorge des fantômes

(Et le bouillon) Et la polenta primordiale (notre père) de la mamma qui coule en ces noms. »

HPIM1435.JPGSono belle le cose...

 

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