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voyage

Cours des Dames : balades à La Rochelle (7)

Publié le par Eric Bertrand

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            Les chants de marins y sont-ils pour quelque chose ? Il va de soi que les « filles de la Rochelle » comme « les filles de Valparaiso » sont connues dans le monde entier... (Mais chaque pays a son port d’attache !)

            D’ailleurs, lorsque je retrouve l’un de mes amis lyonnais, il a coutume de lancer à la cantonade : « comment se portent les filles de La Rochelle ? ». Au propre comme au figuré, La Rochelle est une ville dans le vent, qui attire à la fois les marins et les sirènes, les voiles et les jupons. Cap à l’ouest ! Effet côte ouest !... Ville à la mode, ville d’élégance, toute en brise et en chatteries...

           Tandis que sur les quais, « quai des Chalutiers », « quai Simenon », « quai Duperré », « quai Valin », « quai Maubec », « quai du Lazaret » tintent les mâts, les filles balancent dans les rues leurs accessoires et leurs attributs. L’histoire de La Rochelle, c’est une histoire de femmes qui glissent depuis les rouleaux de la mer et jusqu’aux sables du Casino, entre religion et luxure.

             Elles filent sur les trottoirs et dessinent sous leurs pieds les « tapis roulants » de la grâce et de l’Elégance. Grands axes de la Féminité, « Rue des Dames » à proximité des deux tours, « Rue des Bonnes femmes » près du marché couvert, « Rue des Dames blanches »... Toutes ces dames ne courent pas après la même fumée... Ainsi, le Vice et la Vertu se frôlent-ils au centre-ville. Sur le même pavé, et derrière chacune de ces silhouettes qui remontent le passé, les bonnes œuvres prennent des visages différents...

 

 

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Rue de la Désirée : balades à La Rochelle (6)

Publié le par Eric Bertrand

         On est tout près du port et on pense aux bateaux quand on est dans le quartier de la Ville en Bois ou dans celui du musée maritime, face à l’Encan. La grande artère qui longe la mer, en face des deux tours, porte le nom du fameux Vespucci, navigateur qui, mieux que Colomb, avait « deviné » l’Amérique.

         Dans ce secteur, on tombe sur la Rue de la Désirée et, indication supplémentaire, « navire rochelais ». Comme l’écrit Baudelaire, Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.

         La Rochelle est un port fabuleux, qui ne cesse de parler de navires. L’océan est un écran à navires, un filet aux alouettes qui comporte, dans son ventre, en toute éternité, le présent et la mémoire. La force de l’océan, c’est en effet de contenir dans sa mémoire, à la fois le « scintillement des phares », « les formes élancées des navires » et les tempêtes et les naufrages...

          Au bord de l’océan, les rues qu’empruntent les hommes peuvent parfois se souvenir.  A l’époque où des bateaux transportaient des prisonniers vers le bagne, la gabarre « la Désirée » avait fait naufrage sur les côtes de la proche ile de Ré, au large de St Clément des Baleines. 51 corps avaient été retrouvés.

          La mer est le bagne ultime.

 

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Cour de la Commanderie et rue du Temple : balades à La Rochelle (5)

Publié le par Eric Bertrand

 

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              Les Templiers sont présents à La Rochelle pour des raisons historiques. Aliénor d’Aquitaine leur avait accordé des avantages dans la ville et ils occupaient, il y a de cela plus de sept siècles, une position avantageuse dans un secteur très animé, situé entre la Grosse Horloge et le quartier du Perrot. Le somptueux monastère de la Commanderie et les riches bâtisses qui leur appartenaient (après avoir été confiés aux Hospitaliers) ont certes disparu, mais leur présence est encore marquée dans le nom de rues comme la rue du Temple ou cette Cour de la Commanderie.               

              Et si le flâneur tente cette plongée dans le temps, il lui suffit de s’engager dans un petit passage qui jette son amorce dans la rue du Palais : il tombe alors, au détour d’une cour intérieure, dans l’étrange rue des Templiers qui a des airs de labyrinthe, sur une croix templière incrustée sur le pavé devant une grosse maison.

               Les Templiers ont été, comme on sait, chassés et massacrés après ordre de Philippe le Bel. Mais certains ont eu le temps de se réunir et d’organiser leur évasion du port de La Rochelle vers... l’Ecosse et plus particulièrement vers le nord du pays.

               Le lien entre passé et présent est ainsi établi au nom de la Vieille Alliance : « the Auld Alliance » entre Français et Ecossais et le fait qu’il y ait, à l’aéroport de la Rochelle, une liaison directe low-cost entre Edinburgh et la ville des derniers Templiers n’est peut-être pas seulement le produit du hasard.

 

 

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La rue de Pernelle et l’hôpital Aufrédy : balades à La Rochelle (4)

Publié le par Eric Bertrand

 

 

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                Il y a à La Rochelle, du fait de la situation de la cité sur l’Atlantique, de ses ressources en vin et en sel, un passé lié au commerce triangulaire. De grandes fortunes se sont, ici comme à Nantes, édifiées chez les armateurs. C’est le cas de la famille Aufrédy qui , en plein XVIII°, investit dans des navires en partance pour l’Afrique et que Balzac cite dans « Splendeurs et misères des courtisanes ».

                Mais à cette époque, la fortune lancée sur la mer reposait en même temps sur une « assiette » bien aléatoire... Ainsi, les Aufrédy, victimes d’un coup du sort, jouent-ils avant l’heure, le scénario inventé par Balzac. Splendeur et puis misère... Misère absolue, au point qu’ils ne doivent leur survie qu’aux religieuses dont on a vu la présence si marquée place Royale à La Rochelle...

                J’employais à dessein à leur propos le terme « d’assiette » et je songeais à l’analyse de Montaigne... « Le monde est une branloire pérenne », à Hamlet qui se sent « enfermé dans une coquille de noix ». C’est l’héritage baroque de ces maîtres qui nous disent, du haut de leur XVI° siècle, que rien n’est assuré sur cette pauvre planète où, bon an, mal an, nous conduisons, les uns et les autres, notre frêle destin.

                Les Aufrédy ont eu le temps de songer à cela... « vanitas, vanitatis », les fortunes sont au gré des flots... Mais un jour, miracle, les navires qu’on croyait engloutis reviennent au port. Shakespeare invente le même incroyable scénario dans le dénouement du « Marchand de Venise ». Mais entre temps, les consciences ont été marquées, les esprits ont mûri, médité, et par reconnaissance, l’épouse Aufrédy, la dite « Pernelle », a fondé l’hôpital du même nom.

 

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Le secteur des Forestières Place Verdun : promenades à La Rochelle (3)

Publié le par Eric Bertrand

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               Au-dessus de l’agitation urbaine, marché, voitures, passants, veille encore le visage doux et compatissant d’anges un peu oubliés qui règnent sur la ville et s’inquiètent du sort des miséreux.

               Le marcheur qui traverse la Place Verdun, anciennement « Place d’Armes » (on distingue l’ancien nom comme en palimpseste sous la plaque actuelle, et plus anciennement encore « Place du Château »), est attiré par les lustres du café de la Paix ou par les affiches du cinéma « l’Olympia »...

                Comme la majorité des bâtiments de cette place blanche, en dépit des tourments et des tumultes de la rue, les façades demeurent dignes et silencieuses. A l’image des Forestières qui, sous la conduite d’une certaine Anne Forestier, convertie au catholicisme suite à la révocation de l’Edit de Nantes, se dévouaient pour les miséreux en leur fournissant des lits et des soins. Elles officiaient justement à l’étage de ce bâtiment qui offre à la fois des paradis artificiels, des images pour oublier ou des lits pour panser ses plaies, c’est selon !

               A noter, pour ceux qui voudraient entendre une histoire d’amour derrière cette histoire de sainteté liée à La Rochelle, le savoureux roman de l’une des Ecrivaines de la côte, Jocelyne Ezvan : « les Forestières ».

 

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