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art

Commentaire d’images : la chute d’Icare (Bruegel).

Publié le par Eric Bertrand

Rappel de la méthode:

- L’image présentée est identifiée.

- L’observation s’attache d’abord au décor général, couleurs, cadrage.

- Les détails et le sens de l’image sont enfin abordés : l’observateur s’efforce de proposer une interprétation et d’insérer l’image en contexte.

 

            Le tableau du peintre Bruegel est intitulé « la Chute d’Icare » et s’appuie explicitement sur le célèbre mythe qui raconte la tentative de l’homme à s’élever vers le ciel.

            A une extrémité de la toile, dans une zone d’obscurité, le « plongeon » d’Icare passe pratiquement inaperçu. En revanche, l’attention est attirée par les trois plans successifs du tableau qui baignent dans une lumière douce produite par le lever de soleil en fond. Ce sont les activités humaines qui s’imposent, le laboureur qui creuse son sillon (et dont la chemise rouge contraste avec le vert de la mer), le berger qui médite auprès de son chien et de ses moutons, le pêcheur qui lance son filet.

            Au-delà de cette zone paisible et rassurante des activités humaines, la mer ouvre un vaste horizon dont le point de fuite est marqué par le soleil. Les bateaux au port ont les voiles gonflées et semblent prêts à l’aventure comme l’indique le gonflement des voiles. Il ne faut pas oublier qu’on est en pleine période de la Renaissance. Le monde est neuf, divers, passionnant à explorer... Ainsi, le regard du peintre est en surplomb et souligne la beauté et les promesses de cet univers en pleine transformation et riche encore d’espérances... A condition que les hommes continuent de prospérer en se détournant des utopies et en fructifiant les richesses qui sont à leur portée. Chose que n’a pas su faire le malheureux marginal Icare !

 

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Analyse de tableaux

Publié le par Eric Bertrand

Une nouvelle matière est proposée cette année aux élèves de collège : il s’agit de « l’histoire de l’art ». Le concept est encore au stade expérimental, mais il concerne tout particulièrement les arts plastiques, l’histoire géo et bien entendu les lettres et c’est tant mieux puisque tout amateur de littérature sait à quel point elle « cohabite » avec d’autres formes d’expression          artistiques.

C’est en tout cas l’occasion pour moi de proposer à mes élèves pour commencer des études de tableaux. J’ai toujours aimé cette approche... Mais il en va de cette démarche comme de celle de l’approche des textes... Dans quelle mesure les élèves de collège seront-ils réceptifs à cette matière qui requiert curiosité, perspicacité et savoir ?

En tout cas, je publie dans les jours qui viennent deux études de tableaux que j’ai proposées à différents niveaux : sixièmes et troisièmes.

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Extrait de « Terre des hommes » (1/3) : épuration du fuselage pour bolide artistique

Publié le par Eric Bertrand

               Pour faire entendre le texte de Saint-Ex, je propose ce premier extrait qui reprend une thématique chère à tous ceux autour de moi qui travaillent une forme vivante, artistique, et qui savent qu’il n’y a pas de réussite dans ce domaine sans un travail inlassable dans le sens de l’épuration. Le commentaire de mon ami Francis allait dans ce sens récemment...

 

                 Il semble que tout l’effort industriel de l’homme, tous ses calculs, toutes ses nuits de veille sur les épures, n’aboutissent comme signes visibles, qu’à la seule simplicité, comme s’il fallait l’expérience de plusieurs générations pour dégager peu à peu la courbe d’une colonne, d’une carène, ou d’un fuselage d’avion, jusqu’à leur rendre la pureté élémentaire de la courbe d’un sein ou d’une épaule. Il semble que le travail des ingénieurs, des dessinateurs, des calculateurs du bureau d’études ne soit en apparence que de polir ou d’ effacer, d’alléger ce raccord, d’équilibrer cette aile, jusqu’à ce qu’on ne la remarque plus, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une aile accrochée à un fuselage mais une forme parfaitement épurée, enfin dégagée de sa gangue, une sorte d’ensemble spontané, mystérieusement lié, et de la même qualité que celle du poème.


 

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Article du mois : Comment Wang fo fut tué ?

Publié le par Eric Bertrand

             Avant de reprendre le fil du roman et de sa construction, un petit détour par deux récits de Marguerite Yourcenar que je viens de découvrir dans les belles « Nouvelles orientales »...

             Est-il humainement possible d’affirmer qu’il existe en ce monde des choses supérieures en beauté à un coucher de soleil sur la mer, au corps d’une femme, à la majesté d’une armée, à un palais surplombant les cinq fleuves...

             Cette question, c’est un empereur qui la pose cyniquement au peintre Wang fo dont les tableaux ont bercé sa jeunesse dans les galeries de son palais. La nouvelle de Marguerite Yourcenar raconte ce drame d’un empereur borné qui décide de mettre à mort le génial Wang Fo... Sa seule faute ? Lui avoir fait croire que le monde était à l’image de ses peintures.

« Tu m’as fait croire que la mer ressemblait à la vaste nappe d’eau étalée sur les toiles, si bleue qu’une pierre en y tombant ne peut que se changer en saphir, que les femmes s’ouvraient et se refermaient comme des fleurs... »

              Alors, après la mort de son fidèle serviteur Ling avant lui exécuté, dans le tableau ultime qu’il lui demande de réaliser, Wang Fo représente la mer, une mer magnifique, intemporelle, et, sur cette mer,  une barque dans laquelle il s’en va, loin des hommes, rejoindre Ling et l’immensité bleue, affirmant ainsi, une dernière fois, le pouvoir inouï de l’art.


 

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De Shakespeare à Michael Jackson, « Poor Yorrick and moon walk»

Publié le par Eric Bertrand

         Mécanique irrésistible. Irrépressible danse de saint Guy. Ficelles articulées d’un danseur qui semblait désarticuler le plus élégant pantin... Quand Michael dansait, il effleurait le sable des dieux et taquinait l’éternité. Il a pourtant dégringolé.

          A la nouvelle de sa mort, j’ai pensé immédiatement à ce passage de « Hamlet » où le personnage se souvient de son facétieux compagnon de jeux, Yorrick.   

 

« (...) Où sont tes plaisanteries maintenant ? Tes escapades ? Tes chansons et ces éclairs de gaîté qui déchénaient les rires à table ? Quoi, plus un mot à présent pour te moquer de tes mines ? Va maintenant trouver madame dans sa chambre et dis-lui qu’elle a beau se mettre un pouce de fard, il faudra qu’elle arrive à cette fin là ! Fais la rire avec ça ! »

Hamlet, acte 5, scène 1

 

             Dans les années 80, début du phénomène Michael Jackson, et, au fond de quelque grenier, mon frère et moi « adaptions » avec enthousiasme les scènes d’Hamlet qui nous fascinaient. Nous tentions aussi de piteuses mises en scène engoncés dans des costumes de fortune... Les passants apercevaient sans doute de terrifiants « thrillers », découpés dans la lucarne.

 

Darkness falls across the land
The midnite hour is close at hand
Creatures crawl in search of blood
To terrorize yawls neighbourhood

 

               Assassinat de Claudius, apparition du fantôme, visite de Hamlet au cimetière et méditation devant le crâne de Yorrick.

               Et pendant ce temps là, dans la chaleur de l’été, notre sœur au salon s’essayait aux saisissantes chorégraphies du virtuose danseur. Au point que les deux frères, « Jackson  two », échauffés par les poussières du grenier et les paillettes des costumes, piquaient une pointe « moon walking » en poussant de petits cris de gobelins ! Midsummer night dream !

 

 

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