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« Vipère au poing » d’Hervé Bazin

Publié le par Eric Bertrand

             Ce livre constitue une belle autobiographie qui explique par quels détours l’auteur s’est construit contre sa mère et a su dépasser sa haine pour cette « Folle Cochonne » contre laquelle il n’a de cesse de vouloir se dresser du temps de son adolescence.

             Tout commence à la mort de la grand-mère qui élevait les trois « petits anges » en toute sérénité et leur inculquait des valeurs de paix et de charité. Mais au moment du retour des parents d’Indochine, tout va changer. « Grand-mère mourut. Ma mère parut. Et ce récit devient drame ». La mère impose aussitôt à l’ensemble de la communauté des Réseau un règlement drastique qui n’admet aucun répit. (Voir p45-46) Heureusement pour les frères, il y a autour d’eux des individus plus tendres ou compréhensifs : le père, dominé par sa femme, la gouvernante, le curé qui leur sert aussi de précepteur.Et nous voici réunis, tous les cinq, réunis afin de jouer le premier épisode de ce film à prétentions tragiques, qui pourrait s’intituler : « Atrides en gilet de flanelle »

              Alors, progressivement, Folcoche élargit son règne en écartant ces « opposants ». La vie en famille est le théâtre de la confrontation permanente : sans relâche, la mère aiguise son autorité et, sans désemparer, les enfants tentent de la contrer. « Jouer avec le feu, manier délicatement la vipère, n’était-ce point depuis longtemps ma joie favorite ? Folcoche m’était devenue indispensable comme la rente du mutilé qui vit de sa blessure. » C’est l’escalade dans la gravité des incidents, jusqu’au moment où le narrateur est obligé de fuguer pour éviter la maison de redressement. Recueilli par ses grands-parents paternels, il commence à comprendre pourquoi sa mère a agi ainsi. C’est le début de sa « reconstruction » et de cet hommage indirect qu’il est en mesure de lui rendre à la fin de l’ouvrage quand il reconnaît le « legs » (p235) : « Cette vipère, je la brandis, je la secoue, je m’avance dans la vie avec ce trophée, effarouchant mon public, faisant le vide autour de moi.Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing ».

 

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J
<br /> <br /> magnifique article, qui me rappelle combien j'ai aimé ce livre !<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Toujours les coîncidences....Sur mon blog d'aujourd'hui, je parle d'un amour maternel passioné , celui de la mère de Romain Gary.<br /> <br /> <br /> Quant à moi,dans cet aventure d'amour maternel manqué, la haine , je l'ai retournée contre moi-même, pas le courage d'avancer "vipère au poing" et trop peur de ma violence ( il n'y a pas pire eau<br /> que l'eau qui dort!)<br /> <br /> <br /> <br />
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