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Le celtisme de Victor Hugo

Publié le par Bertrand

À force de lire et relire les passages essentiels de l'Homme qui rit et des Travailleurs de la mer, j'ai trouvé l’hypothèse qui me manquait pour réaliser enfin la rédaction que je méditais depuis si longtemps… Comment dire cela en une phrase ? L'exploration du fond de l’Océan dans les deux romans de Guernesey est profondément liée au déploiement d’images similaires qui constituent les deux faces d’un même mythe du paganisme (le mythe de la ville engloutie).
         Je prendrai simplement l'exemple de l'aventure du héros dans les Travailleurs de la mer : Gilliatt s’impose la mission d'aller récupérer en pleine mer un bateau échoué entre deux rochers. Il y travaille courageusement et dans la solitude absolue, côtoie le mystère de l'abîme, voit peu à peu le dedans de la mer et y découvre ce qu'on pourrait appeler une horreur sublime. Comme l'écrit Hugo, voir le dedans de la mer, c'est voir l'imagination de l'Inconnu. Ce qui est intéressant aussi, c’est de mettre en parallèle cette aventure et les motifs que révèle l'Homme qui rit
         C'est en quelques mots le contenu d'une passionnante enquête que j'ai menée pendant un certain nombre d’années avant de la formuler définitivement pour le doctorat et puis pour les éditions Ellipses (pour ceux qui voudraient en savoir plus, on trouve facilement en librairie les ouvrages de cette collection très bien diffusée) On comprendra mieux pourquoi j'ai à ce point fréquenté les vieilles pierres pendant mon séjour écossais, pourquoi j'ai rôdé sur les falaises, (dans le sillage des mouettes comme dit Suzy dans la pièce !) cherché les ruines, traqué les fantômes, interrogé les légendes. Remettons-nous en mémoire le passage du Ceilidh où les sorcières se disputent et se moquent réciproquement l’une de l’autre…Ce que je souligne constitue une sorte d’autoportrait caustique à travers lequel je me revois (clin d’oeil à ceux d’entre vous qui m’ont déjà si souvent interrogé sur la part de l’autobiographique dans ce livre !)
 
 
« Suzy : (à Lou) Et toi, tu es une vieille gâtée !... Tu n’aimes que les vieux murs avec plein de sang dessus ! Moi, je suis comme Diana, j’aime le grand air !
Lou : Vous êtes des sorcières hystériques ! Moi, je suis une sorcière raisonnable ! (Méprisante) Vous finissez par prendre la grosse tête à monter sur vos grands chevaux, à courir la lande, à rôder sur les rivages, à traîner dans le sillage des mouettes !
Diana : Et toi, tu ressembles à un vieux spectre ! Tu hantes les cimetières et les ruines, tu t’assois sur les tombes et tu fais la conversation aux corbeaux !
Suzy : Tes ongles sont noirs et tes pieds griffent le sol ! »
 
         Trêve de plaisanteries ! Parmi les rochers légendaires que j'ai rencontrés, il y a celui de Fingal associé au souvenir de James McPherson, le fameux Ossian, personnage incontournable du romantisme écossais. J'y reviens demain et après demain.

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Le sillage des mouettes. Collection personnelle
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