Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le double langage de la sorcière

Publié le par Bertrand

              Dans la pièce de Shakespeare, les sorcières incarnent les figures du Destin. À la manière du chœur antique des tragédies grecques, elles chantent l’avenir et savent tout. Comme elles ne sont pas complexées (c’est le moins qu’on puisse dire !), elles le disent haut et fort. Cependant, leur fonction est complexe.
              Elles incitent Macbeth à devenir roi, mais elles y parviennent grâce à l’intervention de l’ambition démesurée de lady Macbeth. En d’autres termes, la sanglante épouse met un couteau dans la main de son mari pour aider le destin. Et les sorcières se font spectatrices. Elles se mettent au premier rang et jouent un peu le rôle de la claque ! Elles assistent avec avidité à ce spectacle qu’elles ont suscité. Elles augmentent le fameux effet de catharsis !
              Elles sont plus démonstratives que le spectateur. Elles dégoulinent, elles jubilent, et cette jubilation est affaire de langage. Par la suite, elles retrouvent Macbeth et lui tiennent des propos cryptés : par exemple à propos de la forêt qui marche : tant que les arbres de la forêt de Dunsinane ne marcheront pas, tu ne craindras rien, Macbeth ! Avant d’être effectivement confronté à cette réalité impossible qui est surtout feinte et faux-semblant du langage, Macbeth ne comprend pas et se fie sinon à la folie des sorcières du moins à leur incompétence…
              De la même façon, j’ai voulu faire de la sorcière Lou, incarnée par Jennifer, un personnage masqué. C’est la seule des trois qui connaisse le projet de Ronald. Quand ses deux comparses se laissent aller à un « innocent » délire verbal, elle semble se prêter au même jeu, mais en même temps, elle pratique un double langage : elle pérore, elle prévoit, elle annonce ce qui va se passer… Tout ce qu’elle fait et dit doit alors être passé au crible… Je propose demain de revisiter quelques endroits du texte pour arborer le couteau qu’elle cache et expliciter ce langage à double tranchant qu’elle manie avec machiavélisme !
 
La tour d'Ackergill, que hante la green lady.HPIM0800.JPG
Commenter cet article