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la lettre au clan Sinclair

Publié le par Bertrand

 

 

La découverte de Sinclair and Girnigoe Castles

              Lorsque je suis arrivé à Wick en 1983 avec la mission d'enseigner le français dans les écoles de Wick et Thurso, j'avais envie de découvrir cette région du nord de l'Écosse qui m'attirait par son caractère sauvage.

               Je finissais à l’époque mes études de littérature et j’étais grand lecteur de Shakespeare et de Victor Hugo.

              J'ai tout de suite été attiré par le secteur de la Baie des Sinclair, les falaises, la faune, les châteaux que je découvrais l’un après l’autre  : Auld Wick, Sinclair and Girnigoe, Ackergill Tower, Keiss, Bucholie… Pendant un an, j’ai sillonné les routes du Caithness sur un vieux vélo gentiment donné par un habitant de Wick.

              A Girnigoe et Sinclair, ce fut un véritable coup de foudre…

              Je logeais à Wick sur la Glamis Road , et il me suffisait d’effectuer trois miles pour me retrouver au pied des châteaux.

              Cette année là, j’y suis allé régulièrement, au moins une fois par semaine… Je prenais des photos. J’observais les variations de la lumière, le passage des saisons. L’automne, lorsque la lande est mauve, l’hiver, sous la neige, le vent, le printemps, l’été…Les colonies d’oiseaux, les fleurs dans les rochers, la clarté des soirs de solstice.

              Lorsque des gens passaient à la maison, j’assurais évidemment la visite commentée du château ! Un soir, nous avons même campé à proximité. Fasciné par l’impression de mystère qui régnait là, j’ai fait des recherches sur l'histoire locale et les légendes, lu des ouvrages, consulté à la bibliothèque les vieilles éditions du John O’Groats Journal, interrogé les gens… Je me revois encore chez Mr Miller, un bol de porridge à la main, découvrir tous les détails de l’histoire de John Sinclair « starved to death » au fond de son cachot. Le récit m’habitait. Je le racontais à quiconque voulait bien l’entendre. Lorsque je partais à la découverte des Highlands, à bord de « l’Orcadian », le Caithness me manquait déjà. Mes amis, les autres assistants de français en poste dans les Highlands, me surnommaient le « Master of Caithness ».

              Et puis, ma mission terminée, je suis rentré en France.

 

             Et depuis, tant de fois encore… En été 90, en voyage de noces, en été 92, avec des amis, en février 95, en avril 97, en 98, en 99, en 2001, en 2003.

              A l’heure actuelle, je suis installé en Bretagne où j’enseigne la littérature et anime un atelier de création théâtrale. Avec mes deux enfants, Yann, six ans, Nolwenn, dix ans, et mon épouse Jennifer, aussi attachés que moi au Caithness, nous programmons notre prochain retour !

              L’idée d'écrire une fiction sur les Highlands d’Ecosse m’attirait depuis longtemps… J'ai déjà publié des livres sur les États-Unis où j'ai également voyagé, La Route , la Poussière et le Sable (Aléas, 1993), Jack, on the route again (Aléas, 2000), le Tennessee Club (Aléas, 2004).

              Un jour de février dernier, en préparant un projet de pièce pour les élèves de mon atelier, j'ai relu Macbeth et, presque aussitôt, m'est venue l’idée d’un rapprochement entre les thèmes de la tragédie de Shakespeare et l'histoire de John Sinclair. Je trouvais en effet qu’il y avait dans cette cruelle histoire, ses personnages, l’environnement du Caithness, un peu la même rudesse que dans Macbeth. De plus, l’atmosphère me semblait parfaitement propice au surnaturel : sorcières, fantôme, convenaient aussi bien à Macbeth qu’au Ceilidh. Le titre s’est imposé à moi car je souhaitais donner en même temps à l’œuvre une coloration gaélique. J’ai en effet beaucoup aimé les îles de l’Ouest et, lors de mon séjour à Aberdeen, je suivais des cours de gaélique. C’est d’ailleurs à cette époque que je me suis acheté un kilt au tartan des Macleod !

             Certes, je n'ai pas, dans le Ceilidh, tout à fait respecté l'histoire telle qu'on la raconte. J'ai, par exemple, imaginé que John Sinclair était amoureux d'une jeune femme, la princesse Fiona, emprisonnée par le Master dans la tour d’Ackergill. J’avais entendu l’histoire d’une « Green lady » qui hanterait la partie la plus ancienne du château. Je trouvais en tout cas intéressant d’effectuer un rapprochement entre Girnigoe et Ackergill Tower, de leur donner les mêmes falaises escarpées, d’unir le destin de leurs personnages.

              J'ai d'abord écrit la pièce de théâtre pour la donner à mes comédiens qui la jouent les 30 mai et 2 juin prochains. Puis j’ai éprouvé cet été le besoin de rédiger une version narrative afin d’analyser davantage les éléments de la tragédie, de décrire la beauté du lieu, d’en souligner l'aspect à la fois sauvage et enchanté. D’un commun accord avec mon éditeur, nous avons décidé de faire figurer en couverture du livre, la photo du château, de même qu’au dos, la silhouette d’une statue du cimetière, près de Dirlot Castle.

              L’ouvrage est sorti en décembre. Il est désormais disponible en librairie et sur le site de l’éditeur : http://www.aleas.fr Il sert aussi d’outil de travail aux acteurs de la pièce et aux musiciens qui collaborent au spectacle et s’apprêtent à interpréter les airs de Run Rig et de Silly Wizard.


HPIM0917.JPG              
Nous retournons sur les lieux du 26 avril au 4 mai prochains, afin de retrouver nos amis, nos châteaux et le ciel pur et léger du Caithness !

 

 

 

 

 

 


 



 

              En 1986, j'ai été nommé lecteur à l'université d’Aberdeen et suis revenu plusieurs fois à Wick, en pèlerinage sur mes vieilles ruines !

Voici la lettre telle que je l'ai envoyée hier. Demain, je mets en ligne la proposition du clan Sinclair. Un peu d'anglais pour les amateurs !

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