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livres

Les Chemins noirs » : Un véritable « road movie » ou parcours du combattant (4/7)

Publié le par Eric Bertrand

 

 

Il aimait le voyage, le voyage devient pour lui la seule issue de secours. Le roman, très cinématographique (les références au cinéma sont nombreuses) constitue une sorte de « road movie ». Le récit, débute en septembre 1966. René vient d’être arrêté pour désertion sur une route de Grèce. Le statut de repris de justice ne le lâchera pas jusqu’au bout du roman. De Marseille, il est transféré dans la prison militaire de Verdun. Après un hiver éprouvant, tant du point de vue humain que physique, il parvient à s’enfuir et, au moment de l’évasion, tue un homme. Sa cavale échevelée le mène à Marseille puis en Corse où il passe quelques mois. Il y retrouve la chaleur du soleil et le contact au corps torride de Béatrice, la petite amie d’un certain Valentin, son premier allié sur ce chemin périlleux où les hommes sont des loups pour l’homme. Grâce à l’aide de Béatrice, il se cache dans un monastère (épisode hors du temps qui annonce dans une certaine mesure à la fois celui de la montagne du Monténégro et celui des chapelles grecques)

Au moment où René explique à sa façon à un moine lubrique comment trouver « le chemin des femmes », la principale intéressée, Béatrice, revient avec Valentin et l’aide à quitter le territoire français et à passer à l’étranger sous la fausse identité de Valentin Jeudi (nom de celui dont le visage, suite à une violente agression, est devenu « un masque »).

 

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« Les Chemins noirs » : Le parcours d’un antihéros (3/7)

Publié le par Eric Bertrand

Rencontre Frégni (2)

 

 

 

                         La reconstruction de l’évadé se fait dans le temps, l’espace et l’enchaînement des péripéties souvent burlesques. En cela, le personnage apparaît comme issu de la tradition du roman picaresque. Il y en avait des flopées de routes qui partaient fouiller par le monde des destins fugitifs. C’est l’instant le plus dur de choisir son chemin. Après, les tracas de la vie vous roulent au jour le jour comme les accidents du sol un ruisseau. Peu doué pour les actions héroïques, mais doté d’une sensibilité exacerbée, le narrateur utilise certains traits comiques qui rappellent les figures de Charlie Chaplin ou de Tex Avery.

                       Souvent confronté au stade le plus vil de l’humanité et à des situations parfois calamiteuses ou extrêmement périlleuses, René Brandoli n’a pourtant rien d’un James Bond, mais il s’en sort. Ainsi ce portrait indirect au moment de l’entrée en cellule : Rentre tes fesses ! Regarde-moi dans les yeux ! Là, les yeux. Non mais qui est-ce qui m’a foutu un engin pareil... C’est les yeux ou le corps que t’as de tordu ? L’écrivain manie avec talent l’autodérision, et cette évocation du « regard » de Brandoli renvoie aussi, pour ceux qui le connaissent, à l’un de ses complexes auxquels il fait souvent allusion dans le reste de son œuvre. Ce mélange d’autobiographie et de fiction ainsi que ce statut d’antihéros (hérité notamment du Voyage au bout de la nuit, livre culte de René Frégni) contribuent à faire de René Brandoli, au-delà de ses faiblesses et de ses lâchetés, un personnage attachant.

 

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« Les Chemins noirs » : René Brandoli, une identité décomposée (2/7)

Publié le par Eric Bertrand

Rencontre Frégni (10) [1600x1200]

 

Le roman annonce, dès son ouverture, un espace à parcourir : « tout a commencé » et la fin comporte l’idée d’un cheminement avec le mot « chemin » : Quand j’ai été assez loin, j’ai beuglé dans le noir pour que reste à jamais, malgré toute ma haine, sur mon chemin, une trace d’amour. Le thème de la nuit (présente, elle aussi, dans le titre : « les chemins noirs » est récurrente dans tout le livre et souligne symboliquement la présence du tragique de l’existence (nuit du cachot, nuit du Monténégro et des trois assassins, nuit de l’ivresse à Istanbul, nuit des urgences à l’hôpital psychiatrique...).

Dès la première page, le personnage principal est confronté à des opposants contre lesquels il devra se construire : « ils m’ont enlevé les menottes ». Ce « ils » désigne la justice qui fait de lui, d’emblée, un marginal, un vagabond de la race des « vagabonds du rail » de Jack London. L’identité de René Brandoli pose problème : malgré lui, le doux rêveur du début, le voyageur solaire en quête de « palmeraies » ou de « pierre brulée » doit endosser le statut de hors la loi et se cacher sous de fausses identités et de faux habits (le vêtement souvent grotesque - l’habit du sous-préfet en Corse - masque la silhouette véritable du fuyard et trahit le manque d’épaisseur du candide devenu assassin en cavale). La hantise du néant hante le personnage qui est dépossédé de lui-même à partir du moment où il est saisi par la justice : c’est le sens qu’on peut donner par exemple à ces quelques lignes d’analyse relatives aux clochards décrits au détour d’une page dans le métro de Paris : Je crus distinguer comme des sacs pleins jetés pêle-mêle (...)  C’étaient trois clochards qui dormaient l’un dans l’autre. Je les ai regardés de plus près et j’ai pensé à moi. Qui sait s’ils n’avaient pas commencé comme moi eux aussi jadis ? Entrant dans la vie comme j’étais entré ici, par une porte dérobée des ténèbres. Tout le livre peut se lire comme une reconstruction de l’identité aliénée par le traumatisme du début...

 

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Présentation de René Frégni : sa bibliographie (1/7)

Publié le par Eric Bertrand

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Œuvre marquée par le vécu du romancier qui vit à Manosque et a longtemps animé des ateliers d’écriture à la prison des Baumettes près de Marseille. On retrouve dans son œuvre des thèmes privilégiés comme ceux de la figure de la mère, l’enfance, le milieu carcéral, les relations père fille...

 

Les Chemins noirs (1992) C’est une sorte de voyage au bout de la nuit qu’accomplit le personnage de René Brandoli héros de ce roman picaresque qui entraîne le lecteur dans une fuite en avant, à travers l’Europe au contact d’une humanité inquiétante, parfois aux limites du sublime ou du dérisoire.

Le Voleur d’innocence (1994) : l’histoire d’un enfant qui devient voleur et finit par être incarcéré au seuil de l’âge adulte.

Où se perdent les hommes (1996) : Ralph anime un atelier d'écriture dans une prison de Marseille. Un jour il voit arriver un détenu étrange, Bove, condamné à dix-huit ans de réclusion pour le meurtre de sa femme. Cet homme, toute la prison en parle sans l'avoir jamais vu. Depuis trois ans qu'il est enfermé, c'est la première fois qu'il franchit le seuil de sa cellule. Ralph découvre que ce prisonnier vit dans huit mètres carrés avec le fantôme de sa femme Mathilde qu'il peint inlassablement sur les murs de son cachot. Dès lors la personnalité de Bove ...  l'obsède et, lorsque celui-ci tente de se suicider, Ralph n'a plus qu'une idée : le faire évader.

Elle danse dans le noir (1998) : évocation douloureuse de la mère tant aimée et victime d’un cancer, accompagnée jusqu’au moment ultime par l’enfant devenu écrivain.

On ne s’endort jamais seul (2000) : disparition de la fille d’Antoine, le narrateur, à la sortie de l’école. Fou d’inquiétude, et aidé par un ancien caïd rencontré en prison (lors de ses ateliers d’écriture) ce dernier se lance alors dans une recherche éprouvante dans les milieux sordides de Marseille.

Tu tomberas avec la nuit : (2009) René Frégni, de par son humanité et sa pratique des ateliers d’écriture en milieu carcéral, connaît d’anciens truands devenus des amis. C’est l’une des raisons pour lesquelles les « caïds » tiennent une place de héros dans ses romans. Ainsi, dans cet ouvrage inspiré du vécu, le romancier nous entraîne dans une lutte rageuse et désespérée (quasi kafkaïenne) contre un juge qui harcèle son personnage, le place en garde à vue et cherche à tout prix à l’anéantir pour s’en prendre indirectement au truand dont il est l’ami. 

La Fiancée des corbeaux (2011) : l’évocation sous forme de journal de la solitude de l’écrivain dont la fille chérie (Marilou) a quitté la maison pour aller faire ses études.

 

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La venue de l’écrivain René Frégni à La Rochelle

Publié le par Eric Bertrand

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René Frégni est un ami et un écrivain dont l’univers m’est devenu familier au fil des années. Première rencontre à St Malo au cours d’un mémorable salon « Etonnants Voyageurs » (1997) où mes élèves étaient arrivés costumés comme des héros de romans policiers : le thème était « le polar noir » et que nous avions au programme une rencontre avec René Frégni.

             Puis nous avons sympathisé, j’ai aimé ses livres, nous nous sommes revus à Manosque. J’ai fait étudier « Elle danse dans le Noir » à une classe de premières, « Où se perdent les hommes » à une classe de secondes. L’écrivain échangeait par lettres avec mes élèves.

             Aujourd’hui, il revient « sur le devant de la scène » car nous avons pu organiser au sein du lycée la rencontre avec lui. Quatre classes sont impliquées. Mais il intervient également dans deux autres lycées de la ville et séjourne à La Rochelle jusqu’à vendredi. Il est arrivé mercredi en train de Manosque, je suis allé le chercher et le pilote pendant ces trois jours entre sa chambre d’hôtel, les trois établissements, les rencontres avec les collègues et les nombreux élèves, intrigués par son œuvre et impatients de le retrouver.

A partir de demain, une série d'articles le concernant.

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