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civilisation ecossaise

Ackergill Tower

Publié le par Eric Bertrand

Rendez vous au château ce lundi après midi à 15h00. La voiture de location, une Scénic rouge maculée par la boue du cottage, glisse le long d’une allée forestière impeccablement entretenue. La prestigieuse demeure se dresse là, tout au bout du chemin, face à la mer. Deux tracteurs flambant neufs circulent sur les gazons. Odeur d’herbe fraîchement coupée.
              Une domestique en kilt nous ouvre la porte et nous invite à monter au premier étage de la tour, dans une salle spacieuse et éclairée dont les fenêtres donnent sur la mer et Girnigoe Castle… « Tea ? Coffee ? » Elle revient avec un immense plateau qu’elle pose devant nous. “Mrs Ballister won’t be long”.
              La maîtresse de céans apparaît, très élégante dans un habit vert, sobre. « Green lady » !... Nous parlons du livre et du site qu’elle a apprécié et recommandé à Malcolm Sinclair, l’actuel comte de Caithness. Je profite de cette occasion pour lui demander sa version de la légende du château
              Elle diffère encore un peu de celle que j’ai rapportée à l’occasion de la conversation avec Alan et Alison. Je réserve cette version, ainsi que la suite de la visite, pour demain.
 
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Tea in the leaving room, in Ackergill Tower.

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whaligoe steps

Publié le par Eric Bertrand

Un peu plus au nord de Badbea, on tombe sur le site de Whaligoe steps. « La crique de la baleine », surnommée ainsi parce que plusieurs grands squales sont venus s’y échouer. Longtemps, Whaligoe a été un port de pêche très actif et quand un cétacé venait finir sa course sur les côtes alentours, il était remorqué jusqu’à Whaligoe puis dépecé.
              La grande période de Whaligoe steps, c’est celle des « Silver darlings ». Le hareng était pêché et ramené directement à cette crique où il était fumé. On peut voir encore en bas les cheminées des fourneaux et le treuil qui servait à remorquer les bateaux. Outre la réception du poisson, les femmes avaient aussi la charge de remonter les paniers de hareng tout en haut des 365 marches rituelles qui les ramenaient à la route. La période de prospérité n’a pas duré et cet endroit qui résonnait de vie est à nouveau livré à la désolation et aux grands vents.
              En haut des marches, nous avons sympathisé avec David Nicholson, petit homme passionné qui est en charge depuis une vingtaine d’années de la préservation et de la restauration du site. Il parle avec enjouement du lieu et manifeste un réel intérêt pour ces « touristes qui se sont égarés là », dans cet endroit si à l’écart du reste des hauts lieux touristiques des Highlands. Méticuleusement, ce « travailleur de la mer » a su redonner à ces pierres si exposées une fermeté à toute épreuve.

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Looking for the silver darlings

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Badbea

Publié le par Eric Bertrand

Comme promis, retour à l’Ecosse pour les dernières étapes du voyage en Caithness au printemps dernier. J’en étais arrivé à l’évocation de deux lieux essentiels pour comprendre l’esprit du lieu : Whaligoe steps et Badbea. Quand on quitte la route qui longe la mer et les plages de sable entre Golspie et Helmsdale, on aborde les premières rampes de ce que les gens appellent ici « the Ord of Caithness ». Secteur souvent infranchissable en hiver. Le Caithness devient une île. La route devient l’otage des hautes falaises.
              La falaise est un des motifs essentiels dans le Ceilidh : c’est un signe, elle s’impose à cet endroit et se prolonge, de façon quasi ininterrompue, jusqu’à John o’Groats, « the last house in Scotland » comme disent les guides touristiques.
              C’est le long de cette falaise que s’est jouée par exemple la tragédie de Badbea. Elle est liée au chapitre dramatique des « Highland clearances ». Pour des raisons d’ordre économique, les propriétaires terriens, et en particulier le fameux duke of Sutherland, ont pensé au détour du XX°siècle qu’il était plus rentable de mettre des moutons là où il y avait des hommes. Les familles d’exploitants agricoles ont dû quitter leurs fermes, les terrains qu’ils cultivaient pour s’en aller vivre ailleurs, en Nouvelle-Zélande, en Amérique ou en des endroits inhumains comme celui-là, Badbea, où le terrain est en pente et tombe à pic dans la mer.
              À tel point que les enfants étaient attachés à une corde les jours de grand vent. C’est là qu’ont survécu quelques malheureuses familles, dans cet endroit sauvage et inhumain entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe. Quand on s’arrête à Badbea, sur la A9, on marche un peu en direction de la falaise et on trouve un mémorial et quelques clichés en noir et blanc.

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Going down to Badbea...

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Café littéraire

Publié le par Eric Bertrand

L’interview est donc terminée et je reviens au journal de l’événementiel avant de retrouver l’Ecosse. J’ai donc été invité samedi dernier au café littéraire de Dinan. Le charme de ce type d’animation, si on la compare aux traditionnelles signatures, c’est de pouvoir aborder en profondeur le contenu d’un livre, d’abord parce qu’il y a, de la part du public, l’attente d’un exposé de présentation, ensuite, parce que ceux qui sont venus ont des questions précises à poser. Ils ont lu le livre ou ont l’intention de l’acheter. Ils réagissent à des éléments de l’exposé.
              Edouard, le libraire, a créé une ambiance conviviale. Les tables sont arrangées de façon à favoriser l’écoute de l’intervenant. Il propose des boissons à chacun, fait circuler le livre… La conversation roule sur l’implication des comédiens dans leur rôle, sur l’intérêt du tragique et bien évidemment, sur Macbeth. Il y a là des Britanniques : Dinan est une ville qui les attire ! Et ils connaissent leur Shakespeare sur le bout des doigts !
              Ils sont surpris par le dénouement de l’œuvre. J’aime bien l’analyse qu’ils proposent : dans Macbeth, le mal vient essentiellement de la femme, de « lady Macbeth » et, dans le fond, Macbeth est un pauvre homme qui aime son roi et qui se laisse manipuler par une épouse frustrée. Au début, Lady Macbeth n’a rien, aucun pouvoir, et elle saisit l’occasion de s’affirmer à travers son mari. Dans le Ceilidh, les choses sont radicalement différentes : tout le mal vient de l’homme qui imagine les crimes, délègue la mission, envenime le discours de Rebecca, tire les marrons du feu...

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Whom is the worst ? Male or female ?

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Highlands d'Ecosse au théâtre

Publié le par Eric Bertrand

Des larmes dans les yeux, l’appréhension de ne plus jouer le rôle et d’abandonner le cercle magique où vibrent la musique, la lumière et le texte du Ceilidh… Les acteurs étaient dans cette émotion hier soir au café, quand nous nous sommes rejoints pour un dernier pot avant la représentation. Je revenais avec quatre d’entre eux du Festival Etonnants Voyageurs de St Malo et la mer, l’ambiance de festival nous avaient un peu grisés.
              C’était sublime. Je leur ai d’ailleurs rendu un hommage appuyé à la fin du spectacle, en rappelant au public le mérite qu’ils avaient eu à rentrer si bien dans cet univers tragique. Ils ont tout donné pour cette dernière devant une centaine de spectateurs qui remplissaient la petite salle du Moulin à Sons. Ce que j’évoquais dans le dernier article à propos de l’espace s’est absolument vérifié. Quelle intensité dans cette petite salle.
              Tous les acteurs ont été un cran au-dessus. Ils disaient le texte avec une application, une émotion, une frénésie poignantes. Sélouane pleurait dans les coulisses avant d’entrer sur scène, Julie pleurait à chaudes larmes sur la scène, mais en même temps cette crise de sanglots qui lui montait dans la gorge lui a servi à transcender la voix (au point que ce que Ronald dit à Rebecca dans la scène 4 s’est vérifié : « Avec toi, je ne sais jamais si tu dis la vérité ou si tu es en train de jouer ! » Et du coup, elle a semé une sorte de panique bienfaisante autour d’elle.
              Quand tous les deux sont revenus en coulisses, ils se sont embrassés, se sont serré longuement, conscients d’avoir vécu un de ces moments magiques qu’offre le théâtre. Le spectacle continuait derrière l’écran qui nous servait aussi de coulisses. De cette position, on entendait mieux encore les musiques, on voyait les diapos défiler, on entendait le souffle du public, les rires aussi, les sorcières étaient irrésistibles, Sheumas crapule à souhait.
              Je reviens sur ce public dans le prochain article, afin de lui donner une voix et un visage.
              En attendant, nous retournons nous remettre de nos émotions en bord de mer. La fin d’un spectacle est toujours un moment si douloureux à vivre…

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We are such stuff as dreams are made of...

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