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Répétition du 25 janvier

Publié le par Bertrand

                  Même stratégie que la semaine dernière, sur cette idée que les premières scènes jouent l’essentiel de la relation entre le public et la pièce et ceci pour deux raisons : les premières scènes constituent ce que les doctes appellent l’exposition, dans ce sens qu’elles diffusent les informations nécessaires pour le spectateur. D’autre part, c’est à ce moment que, après l’ouverture du rideau, l’énergie des comédiens doit combler l’impatience, fournir à la fois rythme, complicité, intelligence de la situation et des rapports entre les personnages…
                   Matthieu, Léonor et Ronan étaient là. Nous avons travaillé dans la grande salle sans relâche sur le début de la scène 1. Quarante cinq minutes sur quelques phrases. Reprenons le texte, et voyons :
 
« Heather : Viens, Max, cours plus vite ! (Ils courent, arrivent à l’essoufflement) Ça y est, on y est ! C’est toi que j’aime Max ! Définitivement, c’est toi ! Attends, je te bande les yeux ! (Elle lui bande les yeux) Je vais enfin pouvoir te montrer mes deux châteaux et la petite plage de Girnigoe. Quel plaisir de revoir le pays ! Quand je suis revenue là avec Ronald, ce n’était pas si bien et ça n’a duré que quelques heures! C’est le ciel des Highlands, c’est la lande du Caithness et les odeurs de tourbe qui voltigent dans l’air ! Je suis chez moi, Max !
Max : Je t’aime Heather !… Nous sommes ensemble depuis si peu de temps et j’ai pourtant l’impression d’avoir grandi avec toi ! J’ai hâte de découvrir les fameux châteaux de la Baie des Sinclair... Laisse-moi maintenant le temps de respirer, tu es à mes côtés, l’air est pur et léger ! (Il respire à pleins poumons) Londres est si loin ! Comme ça fait du bien de respirer l’air du large !
Heather : (Elle trépigne d’excitation) Attention, tu es prêt ?
Max : Je suis prêt !
Heather : Retiens ta respiration !... Voilà ! (Elle lui enlève le bandeau) »
 
                   La jeune fille s’extasie devant ce paysage, elle est grisée et c’est cette griserie qui l’amène à se déclarer à Max. Il y a dans les premiers instants de scène, un temps d’expression corporelle. C’est ce qu’il faut jouer. Léonor est censée arriver en courant du fond de la lande. Je lui indique de manifester sa joie de revenir sur les terres de son enfance par un moment de jig… Je m’explique. Dans les écoles de Wick et de Thurso, on apprend très tôt les pas de danse. J’ai été stupéfait par le niveau des petites filles qui sont capables de réaliser de véritables numéros : elles posent deux épées qui constituent le cadre dans lequel elles évoluent et elles réalisent leurs figures, tout à la souplesse des chevilles… Léonor doit comprendre tout le symbole qu’il y a dans ce « rituel » : le pas de danse qu’elle accomplit (alors que Max peine à la rejoindre) manifeste une forme de jubilation : elle retrouve son enfance, elle invoque sa mémoire.
                   La suite de la scène oscille entre pudeur et désir. Max voudrait l’embrasser, mais elle esquive à plusieurs reprises, et c’est à la fin de la scène, juste après le moment où Max a joué un extrait de la scène du cachot où agonise John Sinclair (on est dans « thanatos ») qu’elle tombe un instant dans les bras de son partenaire. Il lui propose alors d’aller manger « un bon fish and ships » (il revient dans « eros », le cri qu’il pousse : « j’ai faim ! » est explicite de son désir) : elle semble enfin vouloir lui céder, accepter le baiser dans le papier journal (il faut rappeler qu’un vrai fish and ships ne se déguste que de cette façon en Ecosse !) « oui, un bon fish and ships dans du papier journal ! », mais elle se ravise « Viens, suis moi, j’en connais un sur le port »…
                   En deuxième partie, nous avons travaillé avec Ronan. Il a devant lui l’échiquier et, mis en abyme, comme sur la scène, le cavalier (Max), le roi (Ronald), la reine (Heather) ; il pose le fou sur l’échiquier, le fait avancer, reculer en diagonale. Nous en devisons avec Liliane. Bonne idée ! Il est fier de son jeu, veut le contempler de loin… A son tour, il suit le même mouvement en diagonale pour prendre le recul nécessaire, s’assied sur le dossier de la chaise, en maître absolu de la situation et c’est à ce moment que le portable sonne.
                   Il répond à Ronald, il plaisante, tout à fait à son aise. Je suggère à Ronan de ponctuer son discours de couinements, de petits rires de fouine sardonique ! Cela le met bien du côté des sorcières. Il faut que le spectateur le trouve odieux et redoutable… Ronan a bien trouvé la mesure. Il progresse.
                   La semaine prochaine, place à la seconde répétition nocturne : jeudi 2 février, au Moulin à Sons entre 19h30 et 21h30. On retrouve l’ensemble de la troupe.
Quant au livre, l’éditeur m’a appelé hier soir, il a fait le nécessaire, il est dorénavant sur le site de la FNAC.

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In the heart of Girnigoe... 
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